Page 234 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
« Il a pris un peu plus que les autres, confie un ancien
officier supérieur, mais ce n'était pas ça le problème. Son
erreur, c'est d'avoir fonctionné en solo. Il n'avait pas
constitué de clan. II comptait sur les anciens de l'ALN
pour contrer les anciens de l'année française, tout en ver~
sant dans l'enrichissement rapide et illicite. »
Finalement, il a tout perdu. Le pouvoir et le soutien
des anciens maquisards. Les transfuges de l'armée colo-
niale vont lui faire payer cher son arrogance et son hos-
tilité.
Sous l'influence de Khaled Nezzar et Larbi Belkheir,
le président Chadli ordonne que Benloucif soit auditionné
par un groupe de généraux. Ces derniers sont choisis parmi
les anciens de l' ALN : Lakehal Ayat Mejdoub, Hachemi
Hadjeres, Mohammed Ata'tlia, Hocine Beomallem. Bien
st1r, Khaled Nezzar est là, comme toujours, pour suivre
l'affaire dont il est l'instigateur. Le rapport établi par les
cinq généraux demande la restitution des biens détournés,
mais Benloucif ne rend qu'une partie du butin. Pas la villa
S'üha, tant convoitée par Bclkheir et Nezzar. Acquise pour
une bouchée de pain, cette propriété de quatorze hectares
à El Biar, sur les hauteurs d'Alger, a été entièrement refaite
pour plus de quinze millions de francs, payés sur les fonds
de la présidence de la République. Ses adversaires multi-
plient alors les pressions. Ils lui coupent l'eau et l'électri-
cité. Benloucif va s'installer dans sa luxueuse résidence
d'Annaba, en attendant des jours meilleurs. Ils le menacent
de le traîner devant la justice militaire, mais rien n'y fait.
Un mercredi d'août 1990, alors que j'étais dans le
bureau du général Betchine, j'ai eu l'occasion d'assister à
une conversation téléphonique entre Benloucif et lui.
Nous nous apprêtions à partir en mission en Tunisie
dans le cadre de la coopération bilatérale, et Betchine invi-
tait Benloucif à se rendre à Alger le samedi. Benloucif