Page 28 - Rapport de synthèse
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RAPPORT DE SYNTHESE DU PROJET DECONSTRUIRE LA VIOLENCE PAR L’ART
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Observations
et Discussions
1 Observations comportementales enfants arrivent à choisir et à improviser le rôle de chaque ac-
teur mais dans la plupart du temps ils sont dans l’incapacité à
lors des groupes d’expression verbaliser et à développer toute une scène théâtrale.
avec les enfants Pour certains, jouer un rôle se résume à verbaliser un
choix, par exemple « je vais jouer le rôle de la maman » et ils
A la lumière d’une articulation théorico-clinique élaborée pro- sont dans l’incapacité d’imaginer toute une histoire afin de la
jouer. Cela témoignerait d’une pauvre symbolisation et ima-
gressivement tout au long des rencontres avec les enfants, il
gination. Ces derniers ont besoin d’un étayage de la part des
s’agit d’un exposé des différentes thématiques et observa-
psychologues accompagnatrices, afin de mettre des mots
tions.
sur le jeu de rôle choisi. Nous avons noté qu’ils ont besoin
1.1. La conceptualisation de la violence, ses différentes d’un soutien et une aide, afin de les pousser à développer leur
formes et répercussions expression verbale et leur capacité de symbolisation.
Par ailleurs, nous avons remarqué une inhibition dans
la parole, dans les gestes et dans les mimiques de certains
Pour conceptualiser la violence, nous avons eu essentielle-
enfants. L’inhibition verbale et la réticence ont été observées
ment recours aux dessins. Les traits saillants qui ressortent
des productions réalisées par les enfants pour conceptuali- pendant presque tous les ateliers malgré parfois le question-
nement direct de la part de l’animatrice. Prenons l’exemple
ser leur perception de la violence sont divers, tels que le trop
de l’atelier « groupe de parole », les enfants ont évité de rap-
plein d’attachement au concret à travers l’illustration d’un
porter leurs expériences négatives pendant la période du
ensemble de situations vécues au quotidien. Ceci pourrait
confinement. L’inhibition verbale a été révélée aussi au cours
renvoyer à une forme de résistance à la « représentation figu-
rative » de la violence. du dernier atelier et ce en questionnant les enfants sur leurs
expériences et avis concernant toutes les activités et les ate-
En effet, la majorité des dessins témoigne des tendances
liers que nous avons effectués ensemble. La majorité des
chez les enfants à soit éviter complètement l’abord de cette
enfants étaient timides pour nous raconter leurs expériences
thématique en rapportant une autre scène généralement qui
exceptionnelles.
leur est intimement propre, soit en illustrant la non-violence à
travers la représentation de relations (amicales, fraternelles, La stérilité au niveau de la pensée relevée dans le groupe
de parole a été infirmée par la suite et cela en se référant aux
parentales…,) quasi-indemnes de toute manifestation de vio-
productions picturales lors de l’atelier du dessin. Les des-
lence.
sins des enfants étaient riches en termes de contenu ; nous
C’est ainsi que nous pouvons réfléchir à la place de la di-
notons ainsi (de l’agressivité, de l’angoisse, le dessin d’une
mension transgressive dans la relation que les enfants éta-
blissent avec les adultes (des représentants des règles, de famille imaginaire en la comparant à la famille réelle, un pro-
cessus d’identification à des pairs…). Les dessins étaient ré-
l’interdit et de la loi) ou encore à un défaut très significatif
vélateurs en les comparant aux discours stériles rapportés
au niveau de la mentalisation des comportements violents,
par les enfants.
constituant un obstacle à leur traduction en dessins.
Par ailleurs, les dessins montrent un biais dit de « désira-
bilité sociale » qui consiste à ce que l’enfant veut se présenter 1.3. Manifestation de la violence à travers la frustration
émotionnelle
à travers son dessin sous un angle favorable avec un certain
conformisme aux attentes sociales, aux attentes des adultes
Des enfants qui font des efforts pour plaire à l’autre. La frustration émotionnelle manifestée par les enfants nous
Par l’intermédiaire de la parole et afin de comprendre indique qu’un de leurs besoins est en souffrance. Elle doit être
ce qui les pousse à utiliser la violence entre eux, les enfants porteuse d’un message plus spécifique. Selon Favre (2005),
étaient conscients que c’est bien la colère qui mène à la vio- la frustration émotionnelle chez les enfants se déclenche par
le fait qu’il y ait un obstacle devant l’expression.
lence :
« هباصعأ يف شمكحتيم ناسنلإا يك فنعلل زهي شغلا » En effet, lorsqu’une personne est émotionnellement frus-
Nous avons également remarqué que les élèves font la trée, une énergie proportionnelle à cette frustration est créée
différence entre la violence verbale et physique et que la dans son organisme. Cette énergie agressive doit être cana-
violence physique peut mener à la mort. lisée dans la résolution de problème. Sauf que chez ces en-
يك يداملا فنعلا ,يما بسي اباب و اصعلاب نيشوشملا برضت ةملعملا» fants, il semble que cette canalisation n’a pas été faite et une
.«لتقلل زهي يظفللا فنعلا mauvaise gestion de la colère a pris le dessus, ce qui donne
lieu à un comportement violent (Favre, 2005).
1.2. Réticence et inhibition psychomotrice Lors des groupes d’expression, les enfants ont été solli-
cités par des questions libres non directives sur la nature de
L’inhibition de l’enfant se traduit essentiellement par une ré- leurs comportements au sein de l’école. Le but de ce choix
duction de sa capacité à symboliser, à imaginer et à jouer. En de consigne était de traiter d’une façon objective l’attitude
effet, pendant les ateliers de jeux de rôles par exemple, les violente des enfants, afin d’améliorer leurs comportements
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