Page 30 - Rapport de synthèse
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RAPPORT DE SYNTHESE DU PROJET DECONSTRUIRE LA VIOLENCE PAR L’ART
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      Contrairement à cette dernière qui est relativement neutre,   
      la frustration est toujours vécue avec une attitude de protes-  ou acquis.
      tation. Il y a en effet dans la frustration, une impression d’in-    Les facteurs psychologiques génétiques, qui relient les
      justice, celle d’être privé d’un objet qu’on aurait dû avoir ou   expériences vécues en matière de frustration avec la capa-
      encore de vivre une situation/expérience qu’on ne devrait pas   cité actuelle d’y faire face.
      vivre.
           Toujours selon la même référence, d’une manière aussi      Enfin, De Larrard (2018) montre que le cerveau du petit
      holistique soit-elle, la frustration renvoie à une réponse/vécu   enfant n’est pas suffisamment mature pour affronter la frus-
      émotionnelle négative liée à une impossibilité d’accomplir   tration en toute sérénité et que la plupart des pédagogues
      un désir (au sens psychanalytique du terme) /une demande   s’accordent aujourd’hui sur le fait que les parents doivent
      suite à une opposition/une résistance. En outre, la frustration   accompagner l’enfant dans la gestion de la frustration, afin
      peut avoir plusieurs sources, liées à ce que plusieurs études   qu’il établisse progressivement les connexions neuronales lui
      nomment le « locus de contrôle » que nous exposons de la   permettant de faire face au « non ».
      sorte :
                                                                1.4.  Manifestation de l’impulsivité
         Internes : Le stress, la peur, le manque de confiance en
        soi, le manque de l’estime de soi…etc.
         Externes : Sont  liées  aux  conditions/agents  externes  et
                                                             Largement observé durant quasiment toutes les rencontres,
        environnementaux.
                                                             « l’enfant a […] du mal à attendre son tour pour faire quelque
                                                             chose, il donne des réponses hâtives aux questions, et passe
          Sur le plan processuel, il s’agit habituellement d’une gé-  rapidement d’une activité à une autre. Ceci peut parfois don-
      nération d’une interférence entre les attentes/demandes de   ner l’impression que l’on a affaire à des comportements d’op-
      l’enfant et les réponses d’un agent externe empêchant l’at-  position » (Bréjard & Bonnet, 2017, p.16).
      teinte du but désiré. La résultante est la mise en place d’un      Ces manifestations comportementales se réfèrent à l’im-
      ensemble de réponses/mécanismes comme une tentative    pulsivité et peuvent apparaître dans différents contextes, en
      de lutte contre ce désarroi, dont les pleurs, l’agitation, la co-  effet, l’impulsivité entraîne des réactions de la part de l’entou-
      lère, la provocation et les comportements violents (Larivey,   rage. L’impulsivité est un concept omniprésent au quotidien,
      2002).                                                 qui peut avoir des répercussions tant au niveau personnel,
          En se centrant sur ce dernier aspect tout en se référant   qu’interpersonnel.  Elle  se  définit  généralement  par  la  pro-
      à une perspective psychoaffective et développementale, la   pension à agir instinctivement, sans réflexion et anticipation
      frustration renvoie à une expérience essentielle dans le dé-  au préalable (Bilieux, Rochat, & Van der Linden, 2014). Dans
      veloppement « normal » de l’enfant. Par contre, elle pourrait   ce même sens, Whiteside et Lynam (2001) proposent alors
      s’inscrire dans un contexte pathologique dès lors qu’elle ne   une conception multifactorielle, à quatre facettes, mettant
      trouve ni de voies de canalisation ni de sens attribué par   d’accord les auteurs : Urgence, manque de Persévérance,
      l’autre. Par ailleurs, la fréquence et l’accompagnement de ce   manque de Préméditation et recherche de Sensations
      vécu sont fondamentaux.                                (UPPS).
          Pour revenir à cette approche, il y a une grande différence      Durant les ateliers artistiques, nous avons pu repérer une
      entre la frustration « saine » et la frustration « pathologique ».   impulsivité verbale  et motrice  chez de  nombreux enfants,
      En effet, le bébé naît dans un monde sans limites. Lors de   dont  le comportement était  caractérisé  par des réactions
      la grossesse, il était nourri en continu par l’organisme de sa   rapides aux stimuli prédisposés. A titre d’exemple, certains
      mère dont il pense faire partie de lui-même. À partir de la   enfants répondaient aux questions sans y réfléchir et avant
      naissance, il devra apprendre à se différencier d’elle et ap-  même de comprendre ce qui est demandé de l’activité.
      préhender le monde qui l’entoure. C’est ainsi que la frustra-  D’autres ne savent pas se retenir de chuchoter lorsque leurs
      tion permet à l’enfant de faire la part entre ce que l’école psy-  camarades sont en train de parler. Ou encore, ils ne lèvent
      chanalytique nomme le « principe de plaisir » et le « principe   pas leurs doigts avant de parler ou coupent la parole à l’ani-
      de réalité ». De ce fait, en vivant la frustration, l’enfant intègre   matrice.
      peu à peu le monde qui nous entoure, ses limites physiques,      Certains enfants ont tendance à ne pas apprendre de
      sociales, culturelles, économique. En fait, grandir, c’est en   leurs erreurs. Ils agissent avant même de penser et n’ap-
      quelque sorte intégrer les fruits de la frustration et apprendre   pliquent pas les recommandations de l’animatrice. Citons à
      à la maîtriser (Larivey, 2002).                        titre d’exemple que lors de l’un des ateliers, l’animatrice a de-
          A ce propos, nous abordons l’importance de l’apprentis-  mandé aux enfants de ne pas ouvrir les enveloppes des outils
      sage progressivement de la « tolérance à la frustration ». Dans   qu’après son signal, sauf que certains n’ont pas pu se retenir
      la théorie de Rosenzweig (1944) (cité par Bertrand, J. (1991),   et l’un d’entre eux a commencé à pleurer tandis que d’autres
      la tolérance à la frustration est considérée comme étant la   ont paru moins sensibles aux conséquences.
      capacité de supporter la frustration tout en conservant son      Comme l’a confirmé Evenden (1999), le concept d’impul-
      adaptation psychobiologique. Ainsi, au plan développemen-  sivité renvoie à une variété de comportements réalisés pré-
      tal, l’individu prend progressivement contact avec la réalité   maturément, excessivement risqués, inappropriés et pouvant
      et en arrive à situer ses comportements entre la satisfaction   entraîner des conséquences indésirables. De même, selon
      immédiate de ses besoins et la capacité de les retarder. Deux   Gomez  et al. (2009), l’impulsivité  est ainsi  associée à di-
      types de facteurs déterminants de la tolérance à la frustration   vers comportements problématiques tels que les conduites
      sont suggérés par Rosenzweig à savoir :                agressives.

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