Page 102 - Fleurs de pavé
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Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
terme. Or il faut du temps à un homme pour se
reconstruire.
Héberger un SDF une nuit, deux ou trois même, c'est
bien, mais et après ?
Au foyer de la Comète je peux rester trois mois, voir plus
si ma réinsertion sociale évolue dans la mesure où je fais
des efforts dans ce sens, et c'est le cas parce que j'en ai la
volonté, et qu'au fond, je fini toujours par retomber sur
mes pieds grâce à une philosophie qui a grandis en moi,
depuis l'enfance, entre la DDASS et la maison de
correction.
A force de se prendre des claques dans la G..... par la vie,
on devient plus fort, plus philosophe aussi.
Les travailleurs sociaux me sont d'une aide précieuse
aussi, ils voient bien que je ne suis pas du genre à baisser
les bras. Car, encore faut-il que les hommes aient
vraiment envie de se réinsérer socialement.
J’ai connu plusieurs personnes qui auraient pu s’en sortir,
mais qui se trouvent bien ainsi.
Pourquoi aller travailler, se faire taxer, payer des impôts,
après tout, ils ont appris à se débrouiller, honnêtement,
travaillent au noir de temps à autre, de droite à gauche et
ça leur suffit. Il fait froid ? Ils partent au soleil dans le
sud. Ils sont libres et ça ne leur coûte pas une taxe, pas un
impôt.
Toutefois, ceux que je connais ou que je croise et qui
assument leur statut SDF, qui y trouvent leur compte,
reste tout de même une minorité. Je pourrais être des
leurs.
En fait ce sont ceux qui un jour ont baissé les bras, se sont
adapté à la situation, en ont pris leur parti.
La rue est devenu leur monde, celui où ils évoluent
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