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KOÏMANIA

         Vous souhaitez acquérir un poisson,
         mais tous  vous semblent  pareils  au
         premier regard, quoique quelques
         jolies  taches  déjà  ont  attiré  votre
         regard, vous parlent, sans trop savoir
         de quoi? Vous êtes profane.
         Ce  n’est évidemment  pas une
         condition honteuse, vous en sortirez,
         comme tout  amateur éclairé a dû
         le faire avant  vous  :  humblement,
         par l’attention, la  patience  qui
         vous construiront peu  à peu  une
         expérience.  Mais  d’ores  et  déjà,  en
         première approche, il est des points
         sur lesquels vous pouvez porter votre
         attention, sans vous laisser fasciner
         par les quelques taches qui semblent
         danser avec le plus  d’insistance
         séductrice devant vos yeux…

         Une harmonieuse torpille
                                            ▲Des observations qui s'affinent: voir la peau - la "toile" - de près, la
                                            qualité fine des couleurs, les éléments de forme...
         Commencez par vous attacher à la
         forme du corps, un point remarquable.
         C’est  elle  qui donne  l’impression de
         puissance, de force – ou non ! - chez
         un poisson adulte. Pour que la forme
         soit bien celle, requise, d’une torpille,
         il faut que la partie la plus large soit
         située  juste  derrière les  ouies  pour
         aller s’éteindre lentement à l’attache
         de  la queue.  Une  nageoire  dorsale
         bien développée  mettra le  tout  en
         relief,  dans le  même  temps  ou  les
         pectorales  s’afficheront  larges,  bien
         arrondies, permettant à votre poisson
         – s’il devient vôtre - de se tenir droit
         et de bien “ manœuvrer ”.

         Autant pour la forme  : si elle  est
         convenable,  approchons-nous   et  ▲Prélevement dans un lot, à la main, de sujets qui intéressent: manière
         voyons la qualité de la peau, la “ toile ”   d'approcher encore les caractères déterminants
         sur laquelle  l’œuvre est  dessinée.
         Cette qualité, c’est un peu l’Arlésienne      La taille n’a d’importance que pour déterminer  la catégorie :
         de l’amateur de koï : tout le monde en                                                    ici une jumbo
         parle  mais  bien  peu  finalement  en
         font état très concrètement.

         Il  faut  dire  que  les  qualificatifs  qui
         s’y rapportent peuvent  être mis en
         parallèle  avec la dégustation  d’un
         vin, et le vocabulaire établit vite des
         sortes de cénacles, où tout le monde
         a une image, l’exprime largement
         tout en faisant mine de comprendre
         celles  des  autres…  S’agissant de
         la peau d’une carpe, on la dira
         “ lumineuse ”, “ douce ”, “ laiteuse ”,
         nous en passons, et des meilleures !
         Plus qu’à vouloir décrire à tout prix
         en  mobilisant  toutes  les  ressources
         de  la  subjectivité,  il  suffira  d’offrir

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