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Vision d’ensemble
Le motif enfin – ou pattern dans la
langue de Shakespeare, qui souvent
déborde – complète l’appréciation
d’une koï. Il y a là à prendre en
considération les standards, en
constante évolution, de chaque
espèce. Toutefois, parmi les
constantes, on peut souligner la taille
du motif : un large drapé autour du
corps est de meilleur effet que de
petites taches peu nettes et/ou trop
diffuses.
Et aussi les contours des taches sont
un point à considérer avec attention :
la précision avec laquelle s’arrête une
couleur, nettement et sans bavure,
est primordiale. Qu’elle soit coupée à
travers une écaille (kamisori-kiwa) et
la finition est incomparable, comme
si un peintre était passé par là.
▲Le monde des koï peut apparaître au profane comme certes bien Votre attention a été entraînée tout au
attrayant, si chatoyant, mais aussi comme un mélange complexe de
couleurs, de motifs. Comment y reconnaître, peser les éléments qui font long de cette chronique loin de ce qui
ou défont la qualité d'une koï, et sa compétitivité lors de concours ? aurait été votre première tentation :
Patience, attention, sensibilité... vous obnubiler du motif. Voici le
moment d’être récompensé de votre
patience : sur une koï dont vous
des critères et des comparaisons caprices, et telle lignée Sensuke donne aurez reconnu la forme et la peau
palpables, de faire rechercher avant ainsi une impression plus orangée comme de première qualité, vous
tout une texture homogène, une que d’autres sans que ces poissons pouvez enfin vous laisser entraîner
netteté sublimée par les écailles qui puissent être décrits autrement que par le motif dans une découverte du
doivent sembler être fondues dans comme “ magnifiques ” ! Ou encore : poisson comme un ensemble, depuis
la masse. De là, une peau de qualité de grands champions consacrés au la tête jusqu’à la queue, comme vous
chez une koï sera très proche de ce Japon apparaissent orange parmi regarderiez un paysage. Regardez
que peut être la peau d’un enfant : d’autres vraiment très rouges. l’ensemble, puis les premiers plans :
une sorte de lissé que seul l’âge vient le tout doit s’imbriquer pour dégager
corrompre. Ce n’est donc pas là le critère une sensation de cohérence, une
déterminant. C’est l’uniformité, couleur peut s’afficher un peu trop
On peut souligner ici que les koï l’homogénéité de cette couleur qui présente, un côté de l’animal être
femelles, sans doute pour des raisons est primordiale, l’unité de la teinte plus fourni, gardez l’ensemble en
hormonales, gardent une délicatesse donnée sur l’ensemble du corps qui tête, cette frontière entre la science et
cutanée plus grande que les mâles en fait l’élément le plus important. une intuition désormais en friche, qui
avançant en âge ! se réjouira d’être cultivée toujours
La couleur sur la tête peut être un davantage.
Couleur & couleurs peu plus soutenue- il n’y a là pas
d’écaille ! - mais attention aux koï C’est l’addition de ces particularités,
dont le motif est blanc, les Bekko, et de celles propres à chaque variété,
Si la couleur peut fasciner, piéger Shiro... : un rien de jaunâtre sur la dont vous apprendrez peu à peu les
les premiers regards, profanes, tête les privera irrémédiablement arcanes, qui vous aidera dans votre
vers le coup de cœur, ce caractère de cette impression de netteté qu’il acquisition.
devient avec l’habitude, un aspect au faut rechercher. Remarquons ici
contraire très rationnel, analysable. qu’un sumi – tache noire - encore Un dernier point : la koï parfaite
Une règle est-elle de favoriser un à apparaître donne lui aussi une est un Graal, et c’est certainement
rouge bien vif, notamment chez les impression de flou, notamment un bien : il est édifiant de rêver
kohaku, les koï “ de base ” ? Ce n’est sur les showas (boke), mais dans ce longtemps, tranquillement au fil d’un
pas une finalité, obligatoirement. La cas, il ne s’agit que d’une une étape long itinéraire…
génétique s’est mêlée de quelques obligatoire, un état transitoire qui ne
doit donc pas inquiéter.
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