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HISTOIRE
L’Ultimatum Britannique : la fin du rêve impérial
Pour retrouver sa puissance impériale passée, le Portugal de Miguel Ier puis de Carlos
Ier se lance à la conquête d ’ un « deuxième Brésil », en Afrique au temps de la colonisation
au XIXe siècle. Mais l’ a mbitieux projet de relier les possessions portugaises d ’ Afrique vient
contrecarrer les plans du Royaume Unis de la reine Victoria.Créer un nouveau Brésil, perdu
en 1822, en Afrique permettrait au Portugal de renouer avec les heures de gloire de son Siè-
cle d ’ Or du XVIe siècle, tout en imposant sa puissance dans le concert des nations du XIXe
siècle et ainsi rivaliser avec l ’ Empire allemand et britannique. L'ultimatum anglais de 1890
brise ce projet. La monarchie portugaise ne se remettra pas de ce terrible constat de faibles-
se.
Un rêve de grandeur
Au milieu du XIXe siècle, lors du partage de l’ A frique, le Portugal revendique de vas-
tes zones du continent africain basées sur le « droit historique » et sur la primauté de l ’
occupation, entrant en opposition avec les principales puissances européennes. La présence
croissante des Anglais, des Français et des Allemands sur le continent menace l ’ hégémonie
portugaise. À partir des années 1870, il est devenu évident que le droit historique ne suffisait
plus pour soutenir les prétentions portugaises, l ’ intense exploitation scientifique et géogra-
phique de l ’ Europe était souvent suivie d ’ un intérêt commercial. Entre 1840 et 1872, le Dr
David Livingstone explore l ’ Afrique centrale, où peu de temps après la British Company of
South Africa s ’ installe. En 1874, Henry Morton Stanley a exploré le bassin du fleuve Congo,
exploration financée par le roi Léopold II de Belgique, qui en 1876 a créé une association
pour coloniser le Congo en ignorant les intérêts portugais dans la région. Le désir de revan-
che sur l ’ histoire vire à l ’ humiliation. Au XIXe siècle, le Portugal est bercé d ’ illusions de
grandeurs, mais la gloire de l ’ Empire portugais est sérieusement écornée. Les invasions na-
poléoniennes et la perte du Brésil, «joyau de l’ E mpire», en 1822, ont laissé le Portugal affai-
bli, privé de toute influence internationale. Et les décennies suivantes l ’ ont vu s ’ embourber
dans une crise généralisée : la monarchie constitutionnelle qui chasse l ’ ancien régime en
1851 s ’ avère impuissante, et les gouvernements qui se succèdent échouent à moderniser
l ’ économie alors que la dette publique explose. Pour autant, les ambitions conquérantes du
pays restent intactes.