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HISTOIRE





                De même que les Portugais, les Espagnols doivent faire face en Amérique à diverses atta-
         ques de pirates français et anglais, absorbant d’énormes quantités d’argent et de moyens dans
         la constitution d’armada pour la défense des convois. De plus, la République de Venise et les
         Habsbourg, tout comme les Aviz, sont le plus souvent en guerre ou des ennemis déclarés, sans
         compter le royaume de France de François Ier qui décide de former une alliance avec Soliman le
         Magnifique pour faire face au puissant bloc ibérique formé par Charles Quint et João III. Pour-
         tant, la chrétienté n’est pas sans défense. Le 7 octobre 1571, dans le golfe de Patras, en Grèce,
         une formidable bataille navale oppose les forces chrétiennes de la Sainte Ligue à celles de l’Em-
         pire ottoman. Bien que, dans l’immédiat, l’issue de la bataille ne semblât rien changer à l’ordre
         politique, géopolitique et militaire chez les principaux protagonistes, ses effets furent pourtant
         considérables sur la marche de l’histoire. Cette transformation a lieu dans les rapports de forces
         méditerranéens se traduisant de manière effective par la mainmise des Européens sur l’espace
         précédemment dominé par les musulmans, notamment par les Ottomans. Certes, tout ne fut pas
         décidé à Lépante, la propagande orchestrée en Europe après la bataille contribua tout autant à
         asseoir sa renommée que les seuls faits militaires ayant assuré la victoire de la Ligue. Comme
         d’autres, Fernand Braudel s’est interrogé sur le caractère décisif de cette bataille, et, si l’on peut
         arguer que les Ottomans reconstruisent rapidement leur flotte et qu’ils font eux-mêmes peu de
         cas de cette défaite qui est loin d’occuper une place prépondérante dans leur mémoire collective,
         il est indéniable qu’elle décuple la confiance des Européens et qu’elle efface d’un seul coup le
         sentiment d’infériorité qui les animait depuis la perte de Jérusalem en 1187. Cependant, la batail-
         le de Lépante fut précédée par un autre duel tout aussi important, mais largement méconnu où
         deux grands marins s’affrontent d’un côté le Grand Amiral de l’Empire ottoman Barberousse et
         de l’autre, l’amiral génois Andrea Doria. Ce dernier est un amiral chrétien, le plus célèbre et ex-
         périmenté de son époque, pourtant il était à la fois objet d’admiration et de crainte. Né dans l’une
         des familles les plus illustres de la République de Gênes, il se constitue une réputation en com-
         battant pour les Français dans les années 1520, avant de changer de camp et se tourner en di-
         rection de Charles Quint. Pour quelles raisons l’amiral se détache-t-il de François Ier ? Après
         avoir été nommé commandant des galères de France et avoir vaincu l’armada impériale, en
         1524, Andrea Doria suscite de la jalousie envers les ministres français, tout en s’apercevant que
         François Ier tardait à ratifier les promesses qu'il avait faites en faveur de Gênes, Andrea Doria
         décide de rejoindre les rangs de Charles Quint contre promesses d’argent, de navires et de fa-
         veurs envers sa patrie d’origine. Durant toute sa vie, le condottière génois fut toujours accusé de
         privilégier ses propres intérêts, évitant des combats longs et indécis pour épargner ses navires et
         ses réseaux commerciaux. Il est également soupçonné d’avoir participé à l’assassinat de Lucien
         Grimaldi, seigneur de Monaco, en favorisant avec ses galères l’acte de Bartolomeo Doria de Dol-
         ceaqua. La carrière de Andrea Doria s’arrête à l’âge vénérable de 89 ans cédant sa charge d’a-
         miral à son neveu Giovanni Andrea Doria.
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