Page 19 - Editions Tarabuste
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À vrai dire, ce roman ne serait-il pas, in fine,
une réflexion sur l’imaginaire lui-même? Car c’est
bien la puissance de l’imagination humaine qui se
trouve ici interrogée. Qu’il s’agisse de celle des
premiers temps, quand l’Homme incertain de sa
position dans l’univers s’inventait des cosmogonies
et des mythes originels, concevait toutes sortes
de divinités parallèles, régissant son destin, susci-
tant ses tentations et ses crimes, veillant à sa survie
ou le plongeant dans le malheur, de celles con-
struites en littérature au fil des siècles, auxquelles
on adhère le temps d’une lecture, et qui parfois
sortent des livres pour hanter nos existences, ou
encore des avatars et pseudos auxquels nous don-
nons vie sur les écrans au point parfois de nous y
confondre… Ce roman devient alors une ode,
vibrante certes mais un peu inquiète aussi, en
faveur de cette «machine à rêver» qu’est l’imagi-
nation. Soit encore: la capacité que nous avons à
produire des images, auxquelles nous accordons
crédit, au point d’en peupler notre univers. Images
dont la prégnance est devenue telle qu’elle en-
gendre moult disputes et sérieuses controverses,
et pour lesquelles aujourd’hui encore l’on se com-
bat et l’on se tue, comme autour de celle, si conflic-
tuelle, du « prophète ». Guerres et violences qui
ne peuvent en retour que pousser les peuples à
accorder encore plus de foi à ces créatures issues
de l’imagination.
Les images justement, on sait combien elles
auront hanté Nadaud! N’oublions pas qu’il écrivit
L’iconoclaste, certes, mais aussi L’iconolâtre dont
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