Page 17 - Editions Tarabuste
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tions» et de «mauvaises mœurs», il est bien ques-
tion dans ce roman qui suggère quelques scènes
sexuelles et envisage d’exhiber une angélique figure
féminine, attachée en des postures obscènes, pour
le plus grand plaisir des afficionados de sites por-
nographiques… — et des lecteurs « de la main
gauche ». À vrai dire, c’est un labyrinthe où nous
entraîne le livre, fait de chausse-trappes et de
réversibilités, de jeux d’écrans et de miroirs où se
perdre avec volupté.
Écrit à la première personne, le texte pourrait
bien être le produit d’un délire mental, à la manière
du Horlà de Maupassant. C’est l’art de l’écrivain
que de réveiller ainsi nos mémoires littéraires. Le
roman semble puiser parfois aux ouvrages gothi-
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ques dont les XVIII et XIX siècle nous ont fourni
tant d’exemples, de Lewis et Walpole à Villiers de
l’Isle-Adam ou Barbey d’Aurevilly. La photo de
l’ange «transcodé sous forme numérique» qui lui
dérobe son existence n’est pas sans quelque écho
au Portrait de Dorian Gray, d’Oscar Wilde. Nadaud
s’amuse à provoquer ces hésitations par lesquelles
Tzvetan Todorov définissait la littérature fantas-
tique: où le personnage narrateur nous entraîne-
il ? Sommes-nous dans le rêve ou la réalité ? le
réel ou le virtuel ? le fantasme ou l’avéré ?
Semblable hésitation traverse le lecteur quand
à la nature même du livre. Nous ne savons plus
trop, de page en page, ce que nous avons entre les
mains: roman fantastique? roman érudit? roman
policier? roman érotique? enquête réaliste – livrée
preuves à l’appui – sur les troubles addictifs suscités
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