Page 12 - Editions Tarabuste

«d’attribuer à l’ange gardien tous les succès et les
bons résultats », et le temps n’est pas loin où
Giuseppe del Ton, pronotaire apostolique auprès
du Saint-Siège, relançait à Tor Lupara, près de
Rome, la «milice de St Michel Archange». Il soute-
nait que «les anges sont de purs esprits, très intel-
ligents, chacun ayant une personnalité distincte
[dont] la perfection spirituelle est telle qu’ils consti-
tuent une beauté enchanteresse». Jean-Paul II lui-
même affirmait que leur existence n’est «niée que
par les matérialistes et les rationalistes ». Où l’on
voit qu’un millénaire et demi plus tard, la question
angélologique demeure ouverte…
Mais voici qu’un autre espace virtuel s’est désor-
mais saisi de notre monde. Un espace où l’on peut
se mouvoir en n’y étant pas, s’inventer des profils
et des avatars, inexister à plusieurs, en réseaux,
parmi amis et followers, que l’on n’a, pour la
plupart, jamais vus. On conçoit que cette virtualité
émergente, en train d’apparaître sous nos yeux,
ait pu retenir l’attention de l’écrivain. Ces mondes
incertains, dont nos mythes, nos plus anciennes
cultures livresques et picturales témoignent, à la
recherche desquels lui-même s’est tant de fois
lancé, auraient donc un équivalent contemporain,
ici et maintenant? Il est tentant de l’explorer. En
ce roman, Alain Nadaud confronte espace numé-
rique et monde spirituel, repliant une virtualité
sur l’autre. Et si, justement, le Net était le lieu des
anges ? Plonger dans cette étendue virtuelle ne
serait-il pas l’occasion d’y rencontrer enfin êtres
immatériels et entités évanescentes que les mytho-

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