Page 13 - Editions Tarabuste
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logies les plus archaïques ont supposés? La technè
moderne ne permettrait-elle pas de pénétrer leur
univers ? À moins qu’eux-mêmes ne se trouvent
soudain empêtrés dans les multiples linéaments
de cette toile dont le web entretisse notre monde?
Dès lors les imaginaires se télescopent. Tout
devient réversible et mêlé. Le confesseur-exorciste
est un geek. Le voleur d’anges, un hacker. Les
apparitions se confondent avec les hologrammes.
Les querelles de l’image byzantines – auxquelles
L’Iconoclaste avait prêté une intense attention –
se trouvent réactualisées par les usages contem-
porains de l’image numérique. Serions-nous, par
quelque nouvel envers du temps (c’est, on s’en
souvient, le titre d’un roman de l’écrivain), ren-
voyés aux perplexités anciennes ? Le « nouvel
imaginaire», appelé de ses vœux par Alain Nadaud,
se déployait aux confins originels de notre civili-
sation et de notre histoire antique : le voici qui
ausculte inventions scientifiques et promesses
numériques – sans pour autant renoncer à ses
questions anciennes.
Comme il nous y a accoutumés de romans en
romans, Nadaud combine références savantes –
l’ouvrage Anatomie comparée des anges de
Gustav-Theodor Fechner, par exemple, existe bel
et bien – et documents apocryphes. À la manière
éprouvée par Archéologie du zéro, sont ici pré-
sentés des sites internet fort vraisemblables, dont
la description vient scander la narration, comme
si le lecteur lui-même surfait sur le net, zappant
de l’un à l’autre, ainsi que nous avons désormais
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