Page 16 - Editions Tarabuste
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archaïques, d’autant plus fondamentales qu’elles
font retour sous des jours nouveaux. Il combine,
ce faisant, interrogations intellectuelles et fasci-
nations imaginaires, préoccupations spirituelles
et questions vaines ou fallacieuses.
Voilà donc un roman dont on ne sait jamais
vraiment s’il nous convie sérieusement à débattre
du «sexe des anges» et autres querelles byzantines
e
selon les vénérables polémiques des VIII et IX e
siècles jamais tranchées, ou à les considérer avec
légèreté dans la distance interloquée qui nous en
sépare. «Querelles byzantines»: «excès de subti-
lité » et « caractère oiseux » selon le dictionnaire
Robert. Il semble bien que, sourire aux lèvres,
notre écrivain joue sur les deux tableaux. Il s’exer-
ce aux syllogismes: «si ta présence reste hypothé-
tique, ton absence en revanche est indubitable »,
d’où il ressort que l’on existe plus par son absence
que par sa présence. L’absence d’un être vaudra
donc désormais comme preuve de son existence.
CQFD. Voilà bien qui met en péril la logique déduc-
tive ! L’humour est à l’œuvre, qui remotive telle
ou telle expression: «tomber des nues», par exem-
ple, pour dire l’étonnement, devient une formule
opportune en effet, s’agissant… de la chute des
anges. Ou lorsque l’écrivain note qu’« avec l’ordi-
nateur, c’est plus net ».
Nadaud ne ferait-il pas ironiquement fonds sur
le byzantinisme, justement, dont Littré nous dit
qu’il s’agit, « dans l’ordre moral », d’une « dépra-
vation réfléchie et raffinée, une corruption du luxe
par les mauvaises mœurs » ? Car de « déprava-
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