Page 10 - Editions Tarabuste
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de devenir marchandise, pur divertissement et
finalement marginalisé, et son appel vibrant, dès
l’orée de son œuvre, en faveur d’un «nouvel imagi-
naire ». Serait-ce un nouveau chapitre de cette
inquiétude, suscitée par la montée en puissance
de l’internet dont jeux et vidéos supplantent peu
à peu les livres, s’accaparent le temps disponible
pour la lecture, ou, au contraire, l’excitation res-
sentie devant le nouveau terrain que déploie ce
monde virtuel qui conduit l’écrivain à écrire de
nouveau? Les deux sans doute. Les deux, en effet,
l’un à l’autre indissolublement mêlés et que Nadaud
sait, dans ce livre, marier avec humour et virtuo-
sité, quitte à prendre ses lecteurs à contrepied.
Car on connaît l’œuvre d’Alain Nadaud com-
me celle d’un écrivain qui se fascine aux énigmes
originelles des temps premiers – tablettes d’argile
de la première bibliothèque, invention du zéro –,
ou de la lointaine Antiquité – La Mémoire d’Eros-
trate, Auguste fulminant – et, plus encore, celles
où notre monde communique avec l’autre, l’in-
connu, l’immatériel, dont il cherche les traces
concrètes, tables de la Loi ou bouches des Enfers.
Ses livres interrogent cette zone grise où la con-
naissance fraie avec la spiritualité, l’abstraction
intellectuelle avec l’invisible. On comprend que
la littérature ait toujours été son lieu, elle qui sait
si bien produire ces entités imaginaires qui hantent
nos esprits et prennent corps à la lecture.
Les anges sont de celles-ci, dont les représen-
tations s’offrent nombreuses, sacrées ou profanes,
artistiques ou populaires – auxquelles la croyance
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