Page 100 - ANGOISSE
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- Je ne veux pas défendre le Président. J’ignore d’ailleurs pour être honnête si
à sa place j’aurais agi de la même manière. Ce que je sais par contre c’est qu’il
est toujours difficile pour la plupart des êtres humains d’opter pour quelque
chose d’hypothétique lorsque l’autre choix possible est bien réel.
- On voit le résultat ! Vociféra le Ministre de la Défense qui ne parvenait pas à
décolérer.
- Vous me dites ensuite si je me trompe mais ne pouvant agir sans son aval,
vous avez rongé votre frein en attendant vous aussi le moment « opportun »
pour vous débarrasser de sa présence encombrante.
- A vous écouter je passe à vos yeux pour un assassin sans scrupule.
- Je n’ai pas dit cela.
- Vous l’avez en tout cas évoqué de manière explicite. Eh bien sachez que le
Président se porte bien, du moins sur un plan physique. Il est juste enfermé,
presque de son plein gré, dans le bunker de l’Elysée.
- En étant devenu un pantin entre vos mains puisque personne, à part vous-
même je suppose, ne peut le contacter. Et que réciproquement, il ne peut
joindre personne.
- Nécessité fait loi nous rappelle le proverbe. Mais soyons justement concrets
car le temps court et il ne joue pas en notre faveur. A la fin de cet entretien
vous allez rejoindre votre Ministère. Des hommes à moi vont vous y conduire.
Là-bas plusieurs journalistes y patientent déjà. Vous allez par conséquent leur
donner l’interview qu’ils attendent et leur confirmer tout d’abord que le porc
est bien le vecteur exclusif de transmission de la ricine et d’autre part que
celui-ci a été choisi afin de préserver la population musulmane. Vous pourrez
même utilement ajouter que la certitude en est acquise du fait que dans la liste
des milliers de victimes ne figure rigoureusement aucun nom à consonnance
arabe.
- Je n’ai donc pas d’autre choix.
- Effectivement. A moins de m’imposer le déplaisir de vous rappeler que vos
deux nièces et toute leur petite famille ont leur vie entre vos mains.
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