Page 99 - ANGOISSE
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« normale »  et  que  ma  mission  sera  terminée,  j’entends  bien,  sans  délai,
        rendre à notre peuple ce qui lui appartient. La liberté et la démocratie.
           Le Ministre de la Santé s’abstint de tout commentaire afin de rappeler à
        son interlocuteur que l’histoire était jalonnée de militaires ayant pris le pouvoir
        sans jamais le rendre au peuple qu’ils étaient censés représenter.
        - Et le président dans tout cela ?
        - Cela fait plus d’un an que mes services de renseignements ont eu vent d’une
        agression d’envergure qui serait prochainement menée sur notre territoire par
        l’état islamiste. Celle-ci émanant non d’une force extérieure sous forme d’une
        attaque « conventionnelle » dont ils n’ont de toute manière pas les moyens
        sur  un  plan  militaire  mais  sous  la  forme  d’actions  concertées  des  très
        nombreuses cellules actives qui sont déjà en place à l’intérieur même de notre
        pays  et  ceci  bien  souvent  depuis  de  très  nombreuses  années.  J’en  ai  bien
        évidemment informé le Président en lui expliquant clairement que nous ne
        pouvions  pas  demeurer  passifs,  sinon  multiplier  nos  surveillances,  en
        attendant que cette agression se mette en place de manière opérationnelle.
        Nous devions dans mon esprit anticiper les événements à venir en prenant les
        mesures adéquates. Etant donné qu’il était impossible  d’infiltrer toutes les
        cellules terroristes se chiffrant par centaines et face à cette menace imminente
        de grande ampleur je lui ai fortement suggéré que nous procédions sans délai
        à l’expulsion hors de notre territoire de tous les islamistes d’ores et déjà fichés.
        Cela aurait ainsi permis d’étouffer dans l’œuf les plans de tous nos ennemis de
        l’intérieur.  Le  Président  m’a  alors  immédiatement  opposé  un  refus  net  et
        catégorique en m’indiquant que cela allait nécessairement déclencher un tollé
        général au sein de l’opinion publique en catégorisant son action comme celle
        d’un extrémiste. Dans le contexte des élections législatives à venir ce n’était
        pas, comment m’a-t-il dit déjà, oui c’est ça « opportun ». Vous rendez-vous
        compte que le Président en personne a préféré privilégier de foutues élections
        législatives au lieu de notre sécurité ?
        -  L’agression  d’envergure  était  hypothétique  et  de  plus  n’avait  aucun
        antécédent alors que les élections étaient concrètes et bien réelles.
        - C’est donc ça ce que vous appelez la démocratie ! Le résultat aujourd’hui est
        que des dizaines de milliers de nos concitoyens ont perdu la vie sans compter
        ceux qui sont en passe de la perdre également dans les jours à venir !

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