Page 103 - ANGOISSE
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- Grouille ! On va le rater, brama David. On doit le prendre en flag.
           Ils  entrèrent  dans  le  commerce  presque  en  courant  et  cherchèrent
        immédiatement du regard le rayon boucherie sans parvenir à le trouver. Vu la
        petite taille du magasin, des rayonnages s’alignaient pratiquement jusqu’au
        plafond  avec  des  allées  minuscules  ne  permettant  que  difficilement  le
        croisement de deux personnes.
        - Il doit être au fond. Je prends à gauche et toi tu empruntes l’allée la plus à
        droite !
           En quelques enjambées rapides ils parvinrent l’un et l’autre à l’extrémité
        de la supérette et entre eux, à peine à quelques mètres, ils n’eurent aucune
        difficulté pour repérer leur cible. L’homme qui avait pourtant la tête plongée
        dans  le  rayon  boucherie  sous  emballage,  mû  par  une  sorte  d’instinct  se
        redressa brusquement. Il regarda alternativement les deux policiers l’espace
        d’une courte seconde et comprit instantanément la raison de leur présence.
        Le terroriste n’avait pas matériellement le temps de parvenir à s’enfuir et il
        n’esquissa même pas un geste dans ce sens. Au grand étonnement des deux
        policiers qui pensaient devoir le pourchasser. Au contraire, il les interpella :
        - Venez donc me chercher tas de mécréants !
           Tandis  que  David  commençait  à  s’avancer,  son  collègue  brusquement
        tétanisé fut incapable d’accomplir le moindre pas. Il voulait agir, soutenir, aider
        David  comme  cela  s’était produit  à  des  centaines  de  reprises  depuis  qu’ils
        faisaient  équipe  ensemble  mais  son  corps  lui  imposait,  contre  sa  propre
        volonté, de demeurer pratiquement immobile. Dès lors il assista impuissant à
        ce qui se déroula devant ses yeux horrifiés. David venait de sortir son arme de
        service  et  allait  la  pointer  en  direction  du  terroriste  lorsque  ce  dernier
        s’empara  d’un  énorme  couteau  de  boucher  jusqu’alors  dissimulé  dans  sa
        djellaba et dans un geste d’une vivacité inouïe exécuta une rotation d’un demi-
        tour avant que le couteau ne vienne finir sa course dans la gorge de David. Ce
        dernier  demeura  debout  quelques  secondes  en  tentant  instinctivement  de
        porter  ses mains à  sa  gorge.  Son  revolver  produisit  un  bruit métallique en
        chutant lourdement sur le carrelage. Puis il s’effondra les yeux ouverts frappés
        de  stupeur  tandis  que  son  sang  s’échappait  dans  un  flot  ininterrompu.  Le
        terroriste  avec  un  calme  impressionnant  ramassa  l’arme  sur  le  sol  sans  se
        soucier que celle-ci soit ensanglantée puis se redressa.

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