Page 153 - ANGOISSE
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Meaux, région parisienne, Quartier de Beauval – 15 Juin - 17H58



           Gendarmes et policiers s’apprêtaient à intervenir lorsque le Commandant
        des opérations reçut dans son oreillette un appel de sa hiérarchie. Le message
        était laconique et n’appelait aucune réponse de sa part.
        - Ouvrez immédiatement le SMS que nous vous avons envoyé.
           Le Commandant leva mécaniquement le bras afin de signifier d’un geste
        aux femmes et hommes placés sous sa responsabilité que l’opération était
        suspendue.  Puis  il  s’empara  de  son  smartphone  professionnel  et  consulta
        aussitôt  ses  messages.  Celui-ci  avait  manifestement  été  écrit  dans  la
        précipitation et comportait de nombreuses fautes d’orthographe. Il indiquait
        surtout  que  l’équipe  qui  était  intervenue  en  banlieue  lyonnaise  une  demi-
        heure plus tôt venait de subir de très lourdes pertes en vies humaines et que
        par  conséquent  la  vigilance  devait  être  extrême.  Il  n’était  pas  précisé  que
        l’opération  était  stoppée,  ce  qui  induisait  que  l’ordre  était  malgré  tout
        maintenu de procéder aux interpellations prévues. A la fin du SMS figurait un
        lien sur lequel le policier cliqua nerveusement. Au bout de quelques secondes
        une vidéo réalisée manifestement par un portable s’affichait sur son écran et
        montrait les images de ses collègues s’approchant d’une tour depuis laquelle
        celle-ci avait été enregistrée. La vidéo était de qualité médiocre aussi était-il
        par conséquent impossible de distinguer tous les détails mais le Commandant
        vit néanmoins distinctement une femme voilée s’approcher du groupe avant
        qu’une brutale et soudaine explosion ne se produise. La vidéo s’interrompit
        alors. Le policier éprouva une lourde oppression au niveau du thorax comme
        s’il s’était trouvé lui-même sur place. Ses hommes ébahis avaient tous leurs
        regards  tournés  vers  lui  en  ne  comprenant  pas  la  raison  de  ce  malaise
        clairement palpable dans l’air ambiant. Le commandant releva lentement la
        tête et les dévisagea un à un dans un long silence de cathédrale. Devait-il les
        informer de ce qui s’était produit ? Devait-il refuser d’obéir à sa hiérarchie avec
        ce sentiment obsédant de les conduire quelque part à l’abattoir ? Sa décision
        fut rapidement prise tant il ressentit, à cet instant, un besoin d’action, une



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