Page 155 - ANGOISSE
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Tous les médias – 15 Juin – Dès 18h12
Les flashs spéciaux se succédaient les uns aux autres, repassant
inlassablement les mêmes images de cette femme voilée se faisant exploser
face à un parterre de policiers. Il n’y avait aucune censure de la vidéo par les
responsables de rédaction qui s’étaient retranchés derrière le fait qu’on n’y
voyait pas de sang ni de corps démembrés et que de toute manière cette
dernière tournait librement en boucle sur le net. Comme souvent en la
circonstance un bilan des victimes avait été annoncé de manière hasardeuse
et généralement contradictoire d’une chaîne ou d’une station à l’autre.
Rapidement les premiers « spécialistes du terrorisme » étaient apparus sur les
plateaux de télévision ou de radio et allaient bon train de leurs commentaires
qui ne faisaient, en réalité, que reprendre les informations déjà connues pour
les accommoder différemment avec les maigres biscuits dont ils disposaient.
Correspondant à l’adage selon lequel on pouvait en dire beaucoup sans savoir
grand-chose. Durant ce temps, des équipes journalistiques, les fameux
envoyés spéciaux, avaient été dépêchées sur place dans le but de montrer
d’autres images que la vidéo dont on savait qu’elles finiraient par lasser le
public en l’absence de compléments d’informations dont chacun voulait
avidement se nourrir. Fussent-ils de simples détails sans importance ou des
témoignages « exclusifs » de badauds parqués à l’extérieur de la cité
expliquant leur traumatisme en ayant simplement entendu cette explosion à
laquelle ils n’avaient pas assisté.
Une vaste zone avait été rapidement délimitée afin d’interdire, de manière
assez utopique, tout accès physique au lieu où s’était produit l’explosion mais
surtout les forces de police et de secours arrivées en premier sur place avaient
eu pour consignes impératives des autorités compétentes d’étendre un
maximum de draps, bâches et en l’occurrence tout ce qui était immédiatement
disponible, afin de masquer les corps et le sang. En sachant que depuis la tour
d’autres vidéos ne manqueraient pas d’être filmées et diffusées. Un trafic
commençait d’ailleurs à s’organiser. Un occupant au sixième étage d’un
appartement donnant directement sur la scène des crimes, plus malin ou plus
pervers que les autres, avait vite compris que les journalistes étaient en quête
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