Page 150 - ANGOISSE
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Tous  les  véhicules  des  forces  de  l’ordre  intervenantes  avaient  été
        stationnés aussi discrètement que possible avant l’entrée de la cité. Même si
        tous  savaient  d’expérience  que  les  « guetteurs »  avaient  sans  doute  déjà
        signalé leur présence. L’objectif, avait indiqué le Commandant en charge de
        cette  mission  lors  du  court  briefing  préalable,  étant  de  ne  pas  donner  le
        sentiment à la cité d’un investissement en masse et en force visant tous les
        habitants mais uniquement quelques cibles. Ce dernier redoutait qu’ils fussent
        mobilisés à faire face à des affrontements urbains sous forme de jets de pierres
        et autres projectiles au lieu de pouvoir se concentrer sur le véritable but de
        leur mission.
           Les forces de l’ordre commencèrent à progresser lentement en se dirigeant
        vers la tour principale dans laquelle ils escomptaient trouver et interpeller les
        onze islamistes radicaux visés. Alors qu’ils allaient commencer à se déployer
        afin de bloquer toutes les issues possibles ils virent s’aligner devant l’entrée
        principale de l’immeuble une dizaine de jeunes femmes portant un voile noir
        dissimulant  pratiquement  tout  leur  visage.  Celles-ci  formaient  un  barrage
        humain improvisé interdisant manifestement tout passage. Le commandant
        poussa un soupir en s’imaginant déjà devoir donner l’ordre de virer tous ces
        corbeaux en sachant à l’avance que la chose risquait d’être compliquée tant
        les jeunes femmes semblaient déterminées. Aussi éprouva-t-il un soulagement
        en voyant l’une d’entre elles s’avancer dans leur direction. C’est bon signe
        pensa-t-il, elles veulent parlementer. Lorsque la femme ne fut plus qu’à un
        mètre de lui et de tout le groupe de policiers il put distinguer clairement son
        regard. En l’espace d’une seconde il comprit mais c’était déjà trop tard. La
        femme  hurla  « Allah  Akbar ! »  avant  de  déclencher  sa  ceinture  d’explosifs.
        L’explosion  provoqua  instantanément  une  onde  de  surpression  d’une
        puissance ahurissante qui eut de nombreux effets dévastateurs bien qu’à des
        degrés divers suivant les victimes. Ceux qui se trouvaient au premier et second
        rang,  parmi  lesquels  le  Commandant,  furent  littéralement  déchiquetés  par
        l’onde  de  choc  qui  vint  les  percuter.  Beaucoup  plus  tard,  des  membres
        désarticulés et sanglants furent retrouvés projetés à plus d’une centaine de
        mètres de distance. Certains ne furent même jamais retrouvés dans ce puzzle
        macabre. Les rangs suivants, y compris les hommes du RAID pourtant protégés
        par  leur  lourd  équipement,  n’éprouvèrent  pour  la  plupart  aucune  blessure

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