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Strasbourg – Bas-Rhin – 15 Juin – 19h44


           La grande mosquée de Strasbourg, la seconde de France, avait fait le plein
        de sa capacité, soit mille cinq  cents fidèles venus pour le grand prêche du
        cheikh Adji Namudin. Tous, sans l’avouer vraiment, étaient préoccupés par une
        situation  dont  chacun  avait  bien  pris  conscience  qu’elle  ne  faisait  que
        s’empirer. Les événements les plus alarmants étaient parvenus jusqu’à leurs
        oreilles  sans  savoir  véritablement  comment  réagir.  Raison  supplémentaire
        pour laquelle chacun attendait avec impatience le grand prêche en espérant y
        trouver les réponses qu’ils espéraient. Pour l’immense majorité d’entre eux
        leur  Islam  ne  pouvait  se  pratiquer  que  dans  la  paix  d’Allah  en  bonne
        intelligence avec la République qui les accueillait sur son territoire et dont ils
        se  devaient  de  respecter  les  règles  dès  lors  qu’elles  ne  fussent  pas  en
        contradiction totale avec leur foi. Toutefois quelques jeunes exprimaient plus
        ou moins explicitement leur volonté de s’affranchir de cette terre nourricière
        au besoin par la violence afin de mener le combat contre les infidèles.
           Lorsque le cheikh prit place devant le pupitre un silence pesant régnait dans
        les  rangs  des  fidèles.  Toutes  les  portes  de  la  grande  mosquée  avaient  été
        fermées afin d’éviter toute intrusion et toute perturbation du grand prêche du
        vendredi. Personne n’entendit donc le fracas provoqué par une foule d’une
        centaine d’hommes qui se massaient maintenant devant l’entrée principale de
        l’imposant  bâtiment  surmonté  non  d’un  minaret  comme  cela  avait  été
        initialement  prévu  mais  d’un  dôme  majestueux.  Cette  masse  indistincte
        d’hommes  en  colère  stoppa  net,  ne  sachant  plus  vraiment  que  faire  en
        l’absence d’ordre donné. Celle-ci s’était formée spontanément dans les rues
        de la vieille ville à l’annonce de l’explosion qui s’était déroulée dans la banlieue
        lyonnaise  avec  comme  seul  objectif  d’en  découdre  avec  un  maximum  de
        musulmans mais sans idée précise quant au sort qui leur serait réservé. Le seul
        leitmotiv commun étant la vengeance. Sans idée véritablement formatée de la
        limite de cet exercice. Certains d’entre eux portaient des barres de fer, des
        manches de pioches tandis que d’autres, les plus nombreux, étaient venus
        avec leurs seuls poings.
        - Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Cria un homme particulièrement agité.

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