Page 163 - ANGOISSE
P. 163

l’homme seront bientôt remplacés par la charia, la loi islamique. C’est cela que
        vous voulez pour nos millions de concitoyens qui comptent sur nous pour les
        protéger de cette infamie ?
        -  Votre  question  est  stupide,  permettez-moi  de  vous  l’indiquer  avec  force.
        Toujours  chez  vous  cette  fameuse  absence  de  nuance.  Si  cela  vous  aurait
        encore  échappé  dans  votre  esprit  étroit,  nous  luttons  avec  détermination
        contre tous les terroristes, tous les fondamentalismes religieux qui n’ont pas
        leur place dans notre pays. Avec toutefois une différence de taille entre nos
        deux approches diamétralement opposées. Bien que je sache avec beaucoup
        de  lucidité  qu’il  y  aura  malheureusement  des  dommages  collatéraux
        inévitables que nous assumons par avance, nous entendons avec mon collègue
        de la Santé, opérer une distinction, retenez bien ce terme car il est primordial,
        entre  d’une  part  les  terroristes  que  nous  combattons  avec  la  plus  grande
        résolution  qui  soit  et  d’autre  part  l’immense  majorité  des  musulmans  qui
        prônent un islam de paix en faisant partie intégrante des citoyens que nous
        devons protéger.
        - En écoutant de tels propos ridicules je devrais sur le champ demander à mes
        hommes de vous passer par les armes.
        - Mais vous ne le ferez pas, répondit-il avec un calme stupéfiant.
        - Et pourriez-vous me dire pourquoi ?
        - A commencer par le constat que si vous auriez dû mettre cette menace à
        exécution cela se serait déjà produit depuis fort longtemps. Ensuite du fait de
        votre présence ici-même, sur mon propre terrain, à chercher à me convaincre
        du  bien-fondé  de  votre  projet  fou.  Ce  qui  pourrait  m’amener  assez
        logiquement à supposer que si je suis un pion dans votre esprit, vous redoutez
        malgré  tout  que  celui-ci  ne  puisse  faire  chuter  le  roi.  Désolé  pour  cette
        parabole qui peut fait penser à une partie d’échecs entre nous mon cher ami
        mais  j’ai  comme  l’intuition  que  vous  avez  peur  d’être  mat  dans  quelques
        coups. Ah ! Mais suis-je donc idiot, lança le ministre de l’intérieur sur un ton
        ironique et volontairement provocateur, peut-être pensez-vous que les forces
        de l’ordre républicaines placées sous mon autorité ne se rangeront pas sous
        votre bannière si je venais à disparaître brutalement. A moins que vous ayez
        également pris conscience que nombre de militaires issus du creuset de la


                                         163
   158   159   160   161   162   163   164   165   166   167   168