Page 168 - ANGOISSE
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muette quant au fait que des ministres de la république puissent avoir une
        apparence aussi négligée.
        - Veuillez attendre ici quelques instants, se contenta-t-il seulement d’indiquer
        tout en leur désignant sur sa droite une petite salle d’attente.
           Le délai fut de courte durée et ils virent bientôt apparaître dans l’encadrure
        de la porte la lourde silhouette du responsable du CFCM. Celui-ci leur jeta un
        tel regard de braise qu’ils baissèrent machinalement la tête.
        -  Comment  pouvez-vous  avoir  l’outrecuidance  de  venir  jusqu’ici  alors  que
        vous-même Monsieur le Ministre de l’intérieur, il y a à peine quelques heures,
        j’ai fait savoir que nos rapports étaient définitivement terminés tandis que
        vous Monsieur le ministre de la santé avez, par votre stigmatisation des nôtres,
        libéré la haine de vos concitoyens à notre égard au prix exorbitant de tant de
        vies perdues !
           Le ministre de la santé releva lentement la tête en premier.
        - Parce que l’heure est grave Monsieur. Parce que ce que nous avons à vous
        dire est urgent et capital.
           L’homme prit le temps d’une courte réflexion.
        - Suivez-moi dans mon bureau.
           Ce  qu’ils  firent  immédiatement  sans  prononcer  le  moindre  mot.  Ils
        traversèrent  un  long  couloir  au  bout  duquel  se  trouvait  le  bureau  de  leur
        interlocuteur. Ce dernier les invita d’un geste à s’asseoir face à lui et sans autre
        préambule, leur lança.
        - Je vous écoute.
           Rien n’avait été prédéfini quant au rôle de chacun lors de cet entretien mais
        de façon évidente, naturelle, le ministre de la santé prit la parole en premier.
        - Je pourrais longuement tenter de vous expliquer les raisons qui ont motivé le
        comportement qui a été le mien et qu’à juste raison vous abhorrez mais ce
        n’est pas, en cette minute, la raison de notre visite. Mais un sujet autrement
        plus gravissime. Sachez tout d’abord que nous sommes tous les deux désolés
        jusqu’à présent de n’avoir pu vous délivrer les informations que nous allons
        maintenant vous révéler. Sans fard, sans maquillage. Avec la seule ambition de
        vous convaincre de réunir nos forces pour combattre tous les absolutismes.
           Le responsable du CFCM était concentré à l’extrême.


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