Page 167 - ANGOISSE
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- Que fais-tu ? le questionna-t-il tandis qu’ils parvenaient au 270 de la rue
Lecourbe.
- Cela me paraît pourtant évident. Je cherche une place pour me stationner.
- Et tu comptes tourner pendant combien de temps avant d’y arriver ? se fit-il
vaguement ironique.
- Effectivement, je viens de comprendre, lâcha le Ministre de l’intérieur en se
rendant compte de l’incongruité de la situation.
Il stoppa net le véhicule sans plus désormais se soucier que celui-ci soit en
double-file ou non et tandis qu’il ouvrait sa portière, il s’adressa de nouveau à
son ami en étant étreint par un doute.
- Tu crois qu’il est bien là ?
- J’en suis absolument persuadé. Notre interlocuteur est une personne
consciente de ses responsabilités aussi je doute fort qu’avec tous les
événements qui se déroulent à une vitesse aussi brutale et rapprochée, celui-
ci soit tranquillement couché dans son lit. D’ailleurs, indiqua-t-il en tendant le
bras dans la direction des locaux, comme tu peux le constater toi-même, tous
leurs bureaux sont éclairés.
Ils n’eurent que quelques pas à accomplir pour gagner la porte d’entrée.
L’un comme l’autre tentèrent maladroitement d’ajuster leurs vêtements
froissés, chiffonnés, ce qui n’était finalement que peu de choses en
considération de leurs visages perclus d’une fatigue tant physique que
nerveuse. Le ministre de la santé appuya sur le bouton de l’interphone afin de
signaler leur présence. Quelques secondes à peine plus tard une voix
métallique sortie du petit haut-parleur les questionnait déjà sur leurs identités
et le but de leur visite. Ce qu’ils n’eurent aucune difficulté à accomplir, du
moins quant à leurs patronymes et fonctions mais beaucoup plus lorsqu’il leur
fallut justifier de leur présence à une heure aussi indue. La réponse vint
finalement sous une forme laconique énoncée avec détermination par le
Ministre de la santé.
- Nous devons absolument voir immédiatement le responsable du CFCM !
Une longue minute s’écoula avant qu’ils n’entendent le bruit
caractéristique du déclenchement à distance de l’ouverture de la porte. Un
homme de haute stature dont la barbe était parfaitement taillée les accueillit
aussitôt dans le hall d’entrée en émettant à leur regard une interrogation
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