Page 165 - ANGOISSE
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Paris, Conseil Français du Culte Musulman -15 Juin – 23H41
Pas de chauffeur, pas d’escorte. Le Ministre de l’Intérieur avait fait le choix
de conduire lui-même son véhicule de fonction. Il n’aimait pas
particulièrement se retrouver derrière un volant bien qu’à cet instant il en
ressentit l’envie afin d’éprouver la sensation, ne serait-ce que durant quelques
dizaines de minutes, d’être libre de ses mouvements. Il avait pensé pouvoir
ouvrir les vitres du véhicule en espérant qu’à cette heure avancée de la nuit
l’air frais lui ferait un bien immense. Ce qu’il tentât bien de réaliser en
enfonçant la touche de commande du lève-vitre électrique côté chauffeur en
se ravisant aussitôt tant l’atmosphère extérieure était étouffante, suffocante.
La période de canicule annoncée par météo France atteignait son point
culminant. Nerveusement il remit la climatisation automatique en
fonctionnement tandis que de grosses gouttes de sueur commençaient déjà à
couler sur le col de sa chemise.
Dès le départ du ministre de la défense, il avait téléphoné à son ami de la
Santé en lui rendant compte brièvement de la situation et surtout de
l’ultimatum fixé d’une manière on ne peut plus explicite. C’était ce dernier,
après quelques instants de réflexion, qui lui avait suggéré qu’ils puissent se
rendre immédiatement ensemble au siège du Conseil Français du Culte
Musulman. Il n’avait pas tenté d’opposer la moindre dénégation à cette
proposition y compris celle relative à l’heure pour le moins tardive de leur
visite impromptue. Il avait par conséquent sauté dans sa voiture afin de se
rendre jusqu’au ministère de la santé. Il n’eut pas besoin de perdre de temps
en entrant dans la cour intérieure dans la mesure où son collègue l’attendait
patiemment sur le trottoir de la rue Duquesne. Ce dernier s’installa sur le siège
passager et observa le visage de son ami.
- Je sais que nous jouons sans doute notre dernière carte mais essaie, autant
que possible de relâcher ta tension. Tout à l’heure si notre interlocuteur
perçoit le moindre stress, la moindre inquiétude dans nos propos soit il nous
éconduira plus ou moins fermement, soit celui-ci ne leur donnera aucun crédit.
Dans les deux cas ce sera bien évidemment l’échec assuré.
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