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Paris, Conseil Français du Culte Musulman -15 Juin – 23H41



           Pas de chauffeur, pas d’escorte. Le Ministre de l’Intérieur avait fait le choix
        de  conduire  lui-même  son  véhicule  de  fonction.  Il  n’aimait  pas
        particulièrement se retrouver derrière un volant bien qu’à cet instant il en
        ressentit l’envie afin d’éprouver la sensation, ne serait-ce que durant quelques
        dizaines de minutes, d’être libre de ses mouvements. Il avait pensé pouvoir
        ouvrir les vitres du véhicule en espérant qu’à cette heure avancée de la nuit
        l’air  frais  lui  ferait  un  bien  immense.  Ce  qu’il  tentât  bien  de  réaliser  en
        enfonçant la touche de commande du lève-vitre électrique côté chauffeur en
        se ravisant aussitôt tant l’atmosphère extérieure était étouffante, suffocante.
        La  période  de  canicule  annoncée  par  météo  France  atteignait  son  point
        culminant.  Nerveusement  il  remit  la  climatisation  automatique  en
        fonctionnement tandis que de grosses gouttes de sueur commençaient déjà à
        couler sur le col de sa chemise.
           Dès le départ du ministre de la défense, il avait téléphoné à son ami de la
        Santé  en  lui  rendant  compte  brièvement  de  la  situation  et  surtout  de
        l’ultimatum fixé d’une manière on ne peut plus explicite. C’était ce dernier,
        après quelques instants de réflexion, qui lui avait suggéré qu’ils puissent se
        rendre  immédiatement  ensemble  au  siège  du  Conseil  Français  du  Culte
        Musulman.  Il  n’avait  pas  tenté  d’opposer  la  moindre  dénégation  à  cette
        proposition y compris celle relative à l’heure pour le moins tardive de leur
        visite impromptue. Il avait par conséquent sauté dans sa voiture afin de se
        rendre jusqu’au ministère de la santé. Il n’eut pas besoin de perdre de temps
        en entrant dans la cour intérieure dans la mesure où son collègue l’attendait
        patiemment sur le trottoir de la rue Duquesne. Ce dernier s’installa sur le siège
        passager et observa le visage de son ami.
        - Je sais que nous jouons sans doute notre dernière carte mais essaie, autant
        que  possible  de  relâcher  ta  tension.  Tout  à  l’heure  si  notre  interlocuteur
        perçoit le moindre stress, la moindre inquiétude dans nos propos soit il nous
        éconduira plus ou moins fermement, soit celui-ci ne leur donnera aucun crédit.
        Dans les deux cas ce sera bien évidemment l’échec assuré.

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