Page 162 - ANGOISSE
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- En gros, aussi n’hésitez pas à m’interrompre si nous nous sommes mépris sur
        votre  compte,  intervint-il  avec  un  calme  étonnant,  ce  que  vous  baptisez
        pudiquement de « riposte militaire appropriée » aurait consisté à éliminer de
        la  manière  la  plus  radicale  qui  soit  celles  et  ceux,  sur  notre  sol,  étant  de
        confession  islamique.  Dois-je  vous  rappeler,  poursuivit-il  sur  un  ton
        volontairement  sarcastique  que  cela  va  vous  représenter  un  boulot
        considérable  si  on  garde  en  mémoire  qu’il  y  a  près  de  cinq  millions  de
        musulmans sur notre territoire !
        - Lorsque quelqu’un est rongé par un cancer, on peut chercher à le soigner de
        manière traditionnelle ou bien extraire systématiquement toutes les tumeurs
        y compris les plus bénignes en apparence.
        - Même si au besoin, le coupa-t-il sans ménagement, de nombreuses cellules
        saines  doivent  également  être  détruites  lors  de  l’intervention  si  j’ai  bien
        compris votre raisonnement dénué de toute nuance. Où bien devrais-je dire
        dénué de toute humanité. Vous me faites penser à Arnaud AMAURY, légat du
        pape lors de la croisade contre les Cathares qui en 1209 devant le siège de
        Béziers  a  fait  preuve  d’à  peu  près  autant  de  nuance  que  vous-même
        aujourd’hui. Aux soldats qui lui demandaient comment ils pourraient faire la
        distinction  entre  les  bons  et  les  infidèles,  il  leur  aurait  lancé  cette  phrase
        célèbre : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ».
        - Je ne vous permets pas ! Tempêta-t-il en serrant les poings.
        - Vous ne permettez pas quoi ! Eleva-t-il la voix à son tour. Que l’on vous dise
        que face à des terroristes sans conscience vous ne faites que reproduire le
        même  type  de  comportement  en  puisant  l’un  comme  l’autre  dans  ce  qu’il
        existe de plus vil en l’homme. Parmi ses plus bas instincts ! Les plus primaires
        et  aussi  d’une  certaine  façon  les  plus  primates,  même  si  je  dois  aussitôt
        m’excuser pour cette dernière expression auprès de nos cousins plantigrades
        qui  ont  l’insigne  honneur  de  ne  pas  être  aussi  bêtement  stupides  que  de
        nombreux êtres humains !
        - Bravo ! fit-il en applaudissant des deux mains, pour votre si belle leçon de
        morale entretenue depuis des générations par l’idée généreuse des droits de
        l’homme. Sauf que votre vision est tout à fait inadaptée à la situation qui est
        indéniablement  aujourd’hui  la  nôtre.  Sans  réaction  adéquate  à  l’agression
        odieuse  et  brutale  dont  nous  sommes  les  victimes  vos  si  chers  droits  de

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