Page 173 - ANGOISSE
P. 173

Paris, Ministère de l’intérieur -16 Juin – 05H21



           Les  lits  improvisés  dans  le  bureau  du  Ministre  de  l’intérieur  étaient
        constitués  de  chaises  et  de  fauteuils  imbriqués  les  uns  avec  les  autres.  Le
        confort n’était évidemment pas au rendez-vous aussi lorsqu’ils se réveillèrent,
        pratiquement  à  la  même  seconde,  leurs  lombaires  s’exprimèrent  par  de
        violents élancements dans la colonne vertébrale des deux ministres.
        - Comment te sens-tu ? Questionna le Ministre de l’intérieur.
        - A peu près comme un vieillard qui aurait pris un trente-huit tonnes dans le
        buffet. Doux euphémisme pour te dire que ce n’est pas vraiment la forme
        olympique.
        - Idem.
        - Et pourtant il n’est pas temps de nous prélasser ou de nous préoccuper de
        nos  vieux  rhumatismes,  lâcha-t-il  en  guise  d’humour.  Lequel  tomba
        complètement à plat lorsqu’il dut se relever tandis qu’une douleur intense lui
        vrillait le bas du dos.
           Quelques courtes heures plus tôt, c’était le secrétaire du responsable du
        CFCM  qui  les  avait  reconduits  jusqu’à  la  place  Beauvau  à  l’issue  de  leur
        entretien. Les deux hommes avaient convenu qu’il serait judicieux qu’ils ne se
        séparassent pas avant que la situation revienne, du moins l’espéraient-ils, à la
        normale. Ensemble ils éprouvaient le sentiment d’être plus forts, dans une
        forme  de  complémentarité  générée  par  les  événements.  Chacun  parvenait
        jusqu’à présent à compenser les faiblesses de l’autre aussi cette fusion dans le
        même creuset se devait, dans l’esprit de chacun d’entre eux, d’être maintenue
        coûte que coûte.
           A  leur  arrivée  au  Ministère  de  l’intérieur,  ils  n’avaient  pas  pu  comme
        escompté,  aller  se  reposer  avant  d’avoir  pris  connaissance  des  dernières
        informations  et  d’avoir  donné  leurs  instructions  pour  cette  journée
        déterminante. Puis en l’absence de lits ou de canapés ils avaient confectionné
        sommairement de quoi s’allonger avant de s’effondrer du sommeil du juste. A
        peine plus de trois heures pour le moins insuffisantes pour recharger leurs
        batteries pratiquement à leur niveau minimal.

                                         173
   168   169   170   171   172   173   174   175   176   177   178