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En France, la matinée du 16 Juin.


           Une ligne téléphonique protégée avait été installée en un temps record
        entre le Ministère de l’Intérieur et le Conseil Français du Culte Musulman afin
        de remonter toutes les informations en temps réel jusqu’à la place Beauvau. Il
        avait  en  effet  été  convenu  entre  les  trois  hommes  que  pour  des  raisons
        d’efficacité  évidentes  il  valait  mieux  que  les  musulmans  susceptibles  de
        communiquer des informations importantes puissent le faire auprès de leurs
        pairs plutôt que directement à la Police. Ce qui, dans ce dernier cas, aurait pu
        entraîner des réticences aisément compréhensibles.
           Aux premières heures de la matinée le volume d’appels était pour le moins
        limité, du moins au goût des deux ministres, qui se demandèrent à plusieurs
        reprises sans se l’avouer ouvertement l’un à l’autre, si l’opération ne serait pas
        un échec. Echec limité dans la mesure où il avait tout de même été procédé
        sur  l’ensemble  du  territoire  à  une  dizaine  d’interpellations  qui  s’étaient
        déroulées sans anicroche notable. Mais échec tout de même en apprenant un
        peu plus tard que les perquisitions qui s’en étaient suivies n’avaient permis de
        découvrir  ni  ricine,  ni  armes,  ni  explosifs  malgré  les  moyens  déployés.
        Seulement quelques vidéos de mauvaise qualité dans lesquelles on pouvait
        distinguer  plus  qu’on  ne  pouvait  le  voir  vraiment,  des  prédicateurs
        enturbannés appelant au Djihad. L’impatience ne faisait par conséquent que
        gagner les esprits et il ne s’écoulait jamais plus de cinq minutes avant que l’un
        ou  l’autre  des  deux  ministres  ne  consultât  nerveusement  sa  montre.  Les
        minutes s’égrenant inexorablement avant la fin de l’ultimatum.
           Et puis, à partir de dix heures, pour des raisons inexplicables, le volume
        d’appels téléphoniques se mit à enfler à un rythme soutenu au point que le
        Ministre de l’intérieur dut adjoindre de nouveaux personnels au standard. Ce
        dernier  eut  de  nouveau  un  vague  sourire  sur  les  lèvres  même  s’il  savait
        pertinemment que d’un point de vue statistique il était fort probable que les
        informations ne soient pas toutes fiables. Il pensa aussi à tous les policiers et
        gendarmes mobilisés aux quatre coins de la France prêts à intervenir à tout
        instant en sachant que leur vie serait sans doute en danger mais dont aucun,
        à  sa  connaissance,  n’avait  jusqu’alors  refusé  d’obéir  aux  ordres  malgré  les

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