Page 177 - ANGOISSE
P. 177
En France, la matinée du 16 Juin.
Une ligne téléphonique protégée avait été installée en un temps record
entre le Ministère de l’Intérieur et le Conseil Français du Culte Musulman afin
de remonter toutes les informations en temps réel jusqu’à la place Beauvau. Il
avait en effet été convenu entre les trois hommes que pour des raisons
d’efficacité évidentes il valait mieux que les musulmans susceptibles de
communiquer des informations importantes puissent le faire auprès de leurs
pairs plutôt que directement à la Police. Ce qui, dans ce dernier cas, aurait pu
entraîner des réticences aisément compréhensibles.
Aux premières heures de la matinée le volume d’appels était pour le moins
limité, du moins au goût des deux ministres, qui se demandèrent à plusieurs
reprises sans se l’avouer ouvertement l’un à l’autre, si l’opération ne serait pas
un échec. Echec limité dans la mesure où il avait tout de même été procédé
sur l’ensemble du territoire à une dizaine d’interpellations qui s’étaient
déroulées sans anicroche notable. Mais échec tout de même en apprenant un
peu plus tard que les perquisitions qui s’en étaient suivies n’avaient permis de
découvrir ni ricine, ni armes, ni explosifs malgré les moyens déployés.
Seulement quelques vidéos de mauvaise qualité dans lesquelles on pouvait
distinguer plus qu’on ne pouvait le voir vraiment, des prédicateurs
enturbannés appelant au Djihad. L’impatience ne faisait par conséquent que
gagner les esprits et il ne s’écoulait jamais plus de cinq minutes avant que l’un
ou l’autre des deux ministres ne consultât nerveusement sa montre. Les
minutes s’égrenant inexorablement avant la fin de l’ultimatum.
Et puis, à partir de dix heures, pour des raisons inexplicables, le volume
d’appels téléphoniques se mit à enfler à un rythme soutenu au point que le
Ministre de l’intérieur dut adjoindre de nouveaux personnels au standard. Ce
dernier eut de nouveau un vague sourire sur les lèvres même s’il savait
pertinemment que d’un point de vue statistique il était fort probable que les
informations ne soient pas toutes fiables. Il pensa aussi à tous les policiers et
gendarmes mobilisés aux quatre coins de la France prêts à intervenir à tout
instant en sachant que leur vie serait sans doute en danger mais dont aucun,
à sa connaissance, n’avait jusqu’alors refusé d’obéir aux ordres malgré les
177