Page 16 - ANGOISSE
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véritable  cloaque  dont  les  émanations  fétides  refluaient  dans  toutes  les
        narines. Fussent-elles les moins sensibles à l’immondice.
           A  l’arrière  de  l’immense  bâtiment,  dans  ce  qui  servait  normalement  de
        sortie de secours, le Directeur avait organisé un convoi avec tous les véhicules
        disponibles qu’ils soient de secours ou non, afin au plus vite et surtout au plus
        pressé transporter un maximum de personnes dans l’un des quatre gymnases
        que comptait l’agglomération. Les portes avaient enfin été ouvertes bien au-
        delà de l’ultimatum d’une heure qu’il avait exigé mais il espérait ainsi, enfin,
        pouvoir canaliser les patients après leur avoir administré les premiers soins.
        Ceux-ci se réduisant à leur plus simple expression sous la forme d’anti-vomitifs
        ou d’anti-diarrhéiques. Il n’y avait que pour les cas les plus sévères qu’il avait
        fait  passer  la  consigne  à  tout  le  personnel  soignant  de  procéder  à  leur
        hospitalisation, quitte à encombrer encore un peu plus les couloirs et si tant
        est qu’il restât encore suffisamment de lits pour les accueillir.
           Les problèmes allant rarement de manière isolée, il aperçut au bout du
        couloir l’infirmière en charge de la pharmacie de l’hôpital. Son visage ne lui
        parut guère engageant aussi ne fut-il pas surpris lorsque arrivant à son niveau
        elle lui indiqua sur un ton empreint de gravité et d’inquiétude :
        - Monsieur le Directeur, j’ai une très mauvaise nouvelle.
           Le vieil homme soupira intérieurement, redoutant déjà ce que l’infirmière
        allait lui dévoiler.
        - La pharmacie est vide. Du moins se reprit-elle aussitôt, elle est vide de tous
        les médicaments prescrits au cours de cette nuit.
        - Mais bon sang ! Eructa le Directeur avec une violence verbale qui dépassa ses
        pensées, comment se fait-il que nous n’ayons pas plus de stock ?
        - Le budget Docteur. Du fait simplement du budget. Comme tous les autres
        établissements  hospitaliers  publics  il  nous  a  été  demandé  de  faire  des
        économies et pour cela de travailler, je cite l’instruction, « en flux tendus »
        concernant nos stocks de médicaments. Nous avons par conséquent le strict
        nécessaire pour tenir deux à trois jours en sachant qu’en cas de besoin, la
        pharmacie centrale a pour consigne de nous réapprovisionner en vingt-quatre
        heures tout au plus.
        -  Eh  bien  demandez  à  la  pharmacie  centrale  de  nous  réapprovisionner  en
        urgence !

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