Page 138 - L'Empreinte du temps
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- Non pas de cynisme Clarice mais de réalisme. Rien d’autre que du
réalisme. Tu es choquée par ce que je viens de t’apprendre n’est-ce
pas ?
- On le serait à moins.
- Alors je vais te relater un petit secret que m’a confié il y a une
semaine à peine l’un des greffiers du Tribunal. Je ne te donnerai pas
son nom mais l’info est fiable je te le garantis. Depuis plus de trois
ans, l’une des secrétaires administratives avait pris l’habitude pour
les affaires classées sans suite de mettre directement les dossiers à la
poubelle. Ce qui lui évitait de les manipuler en allant aux archives,
puis de les ranger. Le pot aux roses a été découvert lorsque le
Procureur de la République en personne a fait renvoyer un dossier en
correctionnelle et que personne n’est parvenu à le retrouver. Il avait
fini comme d’autres dans un classement vertical. Eh bien à ton avis
quelle sanction a subi cette secrétaire ?
- Pour le moins elle a dû être virée.
- Pas du tout Clarice. Une semaine de mise à pied et depuis elle
travaille toujours dans le même service. Mais désolé je te fais perdre
ton temps.
- Ce n’est pas du temps de gâché dans la mesure où cela m’instruit en
me permettant de perdre un peu de ma naïveté.
- Ce serait vraiment dommage car comme le disait l’écrivain et
philosophe Gaston Bachelard « La plus grande des forces, c’est la
naïveté ».
Philippe continuait de l’impressionner par ses connaissances et sa
philosophie de l’existence au centre de laquelle il plaçait la relation
humaine au lieu de l’avoir et du paraître.
- Tu me disais bien que ton dossier datait de 1987 ?
- Oui. Par contre je n’ai aucune idée de la date.
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