Page 136 - L'Empreinte du temps
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La pièce lui parut immense, deux cents mètres carrés lui avait-on
dit. Au sous-sol du bâtiment, sans fenêtres, pourvue d’un système
d’aération totalement désuet et quasi-inopérant, les archives
s’alignaient sur des centaines de rayonnages dont certains, plus
anciens encore que d’autres, étaient prêts à s’effondrer à chaque
instant sous le poids des dossiers. Mais ce qui était surtout le plus
difficile à supporter était cette odeur de renfermé, de vieux papiers
corrompus par le temps et sans doute par l’œuvre de souris dont on
devinait la présence sous forme de petites crottes disséminées dans
tout le local.
- Personne ne fait donc jamais le ménage ici ? Ni n’entretient les
locaux et le matériel ?
- Bienvenue dans le monde réel Clarice. Je vois en effet que tu n’y
avais jamais mis les pieds.
- Je n’en ai jamais eu l’occasion jusqu’à présent et d’une certaine
manière c’est tant mieux car ici on est à la limite de l’insalubrité et
d’une fermeture administrative si les locaux n’avaient pas été publics.
Dire qu’on nous demande parfois de dresser des PV pour des
restaurants lorsqu’ils font preuve d’un manque d’hygiène alors qu’à
nos pieds, dans ce commissariat, on vit au-dessus de l’immondice.
C’est le comble.
- Je suis maintenant parfaitement certain que tu comprends pourquoi
je ne tenais pas particulièrement à rester ici et que je ne suis pas plus
pressé d’y retourner.
- Encore une question de budget je présume ?
- Je ne suis pas dans les arcanes de notre ministère de tutelle mais
sans doute que oui. Le public ne vient jamais ici alors pourquoi
dépenser de l’argent pour entretenir et rénover ces archives ? Tout
le monde s’en contrefout sauf peut-être moi-même lorsque je subis
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