Page 144 - L'Empreinte du temps
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- Bien, fit-elle après avoir tenté de rassembler ses idées, la seule
chose dont on soit à peu près sûrs, c’est que Gilles SOURIQUET n’était
nécessairement pas impliqué dans ce premier meurtre.
- Effectivement, il pourrait difficilement l’être d’ailleurs dans la
mesure où il n’était pas encore né en 1987.
- Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne le soit pas dans le
second. Je me trompe ?
- Non. On peut parfaitement imaginer comme mobile le fait qu’il ait
eu connaissance d’une manière ou d’une autre de la manière dont
cet homicide s’était produit et que fasciné par ce mode opératoire il
ait voulu tout simplement le reproduire dans le cadre d’une pulsion
criminelle.
- Ouais, lâcha-t-elle en faisant la moue, ça se tient en termes de
construction mentale mais je ne suis pas franchement certaine que
ça tienne devant un jury d’assises. Et ce d’autant que nous ne
disposons d’aucun élément matériel permettant d’étayer cette
hypothèse.
- Que comptez-vous faire si je puis me permettre de vous poser cette
question ?
- Tenter d’abord de digérer ces nouvelles informations. Analyser
sereinement leurs implications car je vous rappelle qu’on a la presse
sur le dos dans cette affaire. S’il vient jusqu’à leurs oreilles, qu’à près
de trente ans d’intervalle, un crime a été commis dans des
circonstances similaires aussi sanguinaires et violentes je ne serai pas
étonnée de voir fleurir des expressions comme « tueur en série ».
L’opinion publique déjà secouée avec les meurtres commis par
l’étrangleur ne supporterait pas un deuxième serial killer et
forcément nos politiques seraient conduits à réagir. Et dans ce cas-là
je ne suis pas sûre que nous n’aurions pas, vous et moi, à en pâtir
rapidement.
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