Page 62 - L'Empreinte du temps
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- Pardonne-moi pour l’expression un peu éculée mais ce ne sont pas
des poches que tu as sous les yeux mais des valises. Que dis-je,
poursuivit-il avec un sourire qui n’avait rien de moqueur, pas des
valises mais des malles. Genre grand grand modèle.
- Tu n’es pas très marrant Didier.
- Juste que je voulais savoir si je devais aller te chercher un saladier
de café bien noir ou si tu préférais le modèle au-dessus ?
- Un grand café noir avec deux sucres me suffira.
- C’est comme si c’était fait.
Clarice aimait bien Didier qui partageait le même bureau qu’elle
depuis son arrivée. La quarantaine. Point positif, il n’avait jamais
cherché à lui faire d’avances ce qui n’était pas le cas d’autres
collègues. Le visage d’un éternel étudiant avec ses lunettes rondes
qu’il portait en permanence sur la pointe du nez au point qu’elle
s’était demandée si celles-ci avaient une réelle utilité sur un plan
ophtalmologique. D’une nature à la fois enjouée et discrète lorsqu’il
le fallait, Didier n’avait pas exactement le profil du flic de terrain du
moins dans l’imaginaire de Clarice. Il portait toujours un costume,
jamais le même d’un jour sur l’autre ainsi que des chemises d’une
blancheur éclatante sur lesquelles il dressait ses cravates. Sa seule
véritable originalité vestimentaire tant les cravates étaient
généralement colorées avec des personnages de dessins animés qui
tranchaient pour le moins avec la rigueur du costume. Un jour elle
s’était décidée à lui poser la question qui lui brûlait les lèvres :
« Pourquoi Didier portes-tu des costumes qui font plutôt sérieux tout
en arborant des cravates de clown ? ». Il ne s’était pas offusqué de ce
qualificatif de cirque et en avait même plutôt ri avant de répondre
qu’il s’agissait juste d’une représentation des deux facettes de sa
personnalité se juxtaposant en permanence l’une sur l’autre, l’une
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