Page 58 - L'Empreinte du temps
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Gilles demeurait assis mollement sur le sol boueux, prêt à tout
          accepter  avec  une  bonne  dose  de  renoncement  et  de  fatalisme.
          Qu’importe ce qui arriverait désormais. De toute manière, pensa-t-il,
          je n’ai jamais eu vraiment de chance. Tout paraissait trop simple, sans
          obstacle et il fallait que ce soit sa voiture, dans tout cette chaîne, qui
          constituât le maillon faible. Sauf intervint une petite voix intérieure
          « que  ce  n’est  pas  ta  voiture  qui  est  en  cause.  Elle  fonctionnerait
          encore  parfaitement  si  tu  ne  l’avais  pas  conduite  sur  ce  chemin
          forestier ».
          - Ta gueule !! Hurla-t-il de colère, n’étant pas dans des conditions
          idéales pour recevoir de leçons.
            Une  autre  voix  intervint  à  son  tour.  Une  voix  qui  présentait  la
          caractéristique de lui être à la fois étrangère et bizarrement familière.
          Elle  n’émanait  pas  de  son  esprit  mais  lui  donnait  l’impression,
          presque palpable, qu’une personne invisible à ses côtés lui adressait
          directement  la  parole.  Un  instant  il  crut  être  devenu  fou  mais  ce
          sentiment se dissipa bien vite. Gilles était plongé dans l’irrationnalité
          la plus totale bien qu’éprouvant la sensation que tout cela était bien
          réel, tangible, concret. Mais surtout ce qui acheva de le convaincre
          que son esprit n’avait pas basculé dans la folie pure fut de constater
          qu’il  n’éprouvait  aucune  peur,  aucune  crainte.  Comme  si  un  ami
          inconnu était venu jusqu’à lui afin de lui apporter son aide.
          - Maintenant tu vas te relever et reprendre en mains la situation.
          Nous sommes vraiment près du but, tu ne vas tout de même pas tout
          laisser  tomber  au  prétexte  que  ta  voiture  est  simplement
          embourbée. Nous avons accompli le plus dur après toutes ces années
          d’attente, il est grand temps de jouir de notre vengeance.


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