Page 53 - L'Empreinte du temps
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permettant de relever les jambes. Il lui arrivait fréquemment de s’y
          endormir le casque sur les oreilles en écoutant de la musique. Elle
          n’avait  pas  de  téléviseur,  choix  personnel,  préférant  nettement
          l’écran de son ordinateur portable devant lequel elle pouvait passer
          des heures entières. A flâner comme elle se serait promenée dans les
          allées  d’un  sous-bois.  Sans  but  précis,  guidée  par  ses  envies  du
          moment.
            Clarice  était  totalement  épuisée  après  les  événements  des
          dernières heures, supportant sur ses épaules le poids de toutes les
          responsabilités qu’elle avait bien voulu assumer sans toutefois avoir
          véritablement conscience de ce que cela impliquait notamment en
          termes d’énergie. Sa première pensée fut de se jeter illico dans son
          lit  en  tentant  de  profiter  d’un  sommeil  réparateur.  Tenter
          simplement  car  ses  nuits  étaient  le  plus  souvent  peuplées  de
          cauchemars  plus  horribles  les  uns  que  les  autres  depuis  quelques
          semaines. Généralement avec un rapport plus ou moins étroit, voire
          même carrément élastique avec des dossiers en cours. Avec cette
          dernière affaire et la vision de cette femme âgée énuclée dont la main
          avait été tranchée, cela risquait fortement de ne pas arranger son
          sommeil. Il existait non pas une solution à proprement parler pour
          éviter  ses  délires  oniriques  mais  du  moins  les  atténuer.  S’étant
          toujours  refusée,  du  moins  jusqu’à  présent,  de  consommer  des
          médicaments et autres aides miracles promettant des nuits calmes et
          apaisantes  elle  savait  d’instinct  qu’elle  devrait,  avant  d’aller  se
          coucher, mettre ses neurones en sous-régime tant ceux-ci avaient été
          sollicités. Et pour cela le fauteuil de relaxation constituait un excellent
          remède.  Du  calme,  un  peu  de  musique,  pour  déconnecter  de  cet
          univers plein de perversité, de haine et de violence dans lequel elle
          devait patauger au quotidien. En tentant également de ne pas s’y
          égarer et y perdre définitivement son âme.


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