Page 51 - L'Empreinte du temps
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La semaine de permanence venait enfin de s’achever tandis que
l’enquête sur l’homicide de cette vieille femme ne faisait que
débuter. Cette affaire constituait pour Clarice un véritable challenge
afin de montrer à tous l’étendue de ses qualités professionnelles et
ainsi espérer être considérée à part entière comme un vrai flic de
terrain. Pas de ceux qu’on retrouvait en permanence planqués
derrière un bureau et n’ayant d’autre objectif que d’assurer leur
avancement, leur carrière, dans un esprit très étroit de petit
fonctionnaire en prenant le moins de risques possibles, fidèles
pratiquants de l’absentéisme et du léchage de bottes sous toutes ses
formes. Ceux qu’elle nommait dans un point de vue forcément
courtelinesque et quelque peu caricatural, les ronds-de-cuir.
Il était près de vingt-deux heures lorsque Clarice s’était décidée à
rentrer chez elle. Du moins ce qui en faisait office car dans la
précipitation de sa première affectation elle n’avait pas opté pour
l’appartement de ses rêves mais celui qui était immédiatement
disponible et s’agissant de l’un également de ses critères, le moins
coûteux. Occuper seule un F2, dans un quartier « acceptable » à
moins de tomber dans l’une des cités où elle risquait
quotidiennement de croiser une partie de sa « clientèle »,
engloutissait déjà près de quarante pour cent de son traitement au
point qu’elle avait dû faire appel à ses parents pour se porter caution.
Ce qu’ils avaient accepté de bonne grâce face au sourire de pleure-
misère de l’agent immobilier qui avait rappelé à maintes reprises à
quel point il s’était personnellement impliqué auprès des
propriétaires pour que cet appartement lui soit attribué malgré le fait
qu’elle ait dépassé les trente-trois pour cent fatidiques
d’endettement. Concluant son propos en rappelant d’une voix de
fausset combien il était « important de soutenir la Police car elle nous
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