Page 50 - L'Empreinte du temps
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s’était agi de se débarrasser d’un vieil appareil électro-ménager
usagé dans la benne de récupération d’une déchetterie. Gilles prit
son élan en effectuant un balancier de son bras et lâcha sa prise qui
termina au beau milieu de la mare. Il apprécia son geste, précis. La
main ne prit même pas le temps de flotter quelques secondes et
coula immédiatement au fond de l’eau et de la vase. Il ressentit alors
un immense soulagement. Celui d’avoir été à la hauteur de cette
entreprise malgré toutes ses craintes. Il ne lui restait plus désormais
qu’à rentrer chez lui et profiter légitimement d’une bonne nuit de
sommeil.
D’un pas guilleret il effectua le chemin inverse pour revenir jusqu’à
sa voiture. Enclenchant la marche arrière en accélérant pourtant
modérément il se rendit vite compte que les roues ne parvenaient
pas à accrocher le sol. Il descendit inquiet pour s’aviser que sous le
tapis de feuilles humides, le sol était détrempé, boueux. De plus la
207 surbaissée l’atteignait presque totalement. Un véhicule tous
terrains passerait sans trop de difficultés mais il en allait bien
différemment de sa Peugeot. Gilles remonta au volant et cette fois-ci
accéléra violemment. Cela n’eut d’autre effet que de projeter des
feuilles mortes et de la boue tout autour sans que la voiture ne
parvienne à reculer du moindre centimètre. Creusant même des
sillons propres à enfoncer la caisse un peu plus profondément dans
le sol. Il ressortit de nouveau tel un ressort de sa boîte et considérant
ce nouvel échec se mit à hurler sans se soucier de savoir si quelqu’un
pouvait l’entendre. Puis de rage, dans une colère qui pulsait ses
veines il expédia un coup de pied dans la portière avant gauche qui
plia sous le choc violent. Il s’écroula mollement sur le sol en pestant
contre la terre entière et surtout cette petite voix intérieure qui lui
avait promis que tout se déroulerait sans crainte.
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