Page 55 - L'Empreinte du temps
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d’une fin de carrière anticipée. La collision de pensées contradictoires
dont la plus optimiste résidait dans le fait de changer de service,
quittant ainsi la judiciaire en abandonnant bien entendu son
enquête, lui généra rapidement de violents maux de tête. Ce n’était
heureusement pas dans sa nature profonde de baisser les bras aussi
aisément.
- Oui tu as commis une boulette. Une énorme boulette, se reprit-elle
pour être tout à fait honnête avec elle-même. Pour autant, a priori,
tu es la seule à la connaître. Si tu ne l’évoques pas à ta hiérarchie,
personne n’aura moyen de le savoir. Surtout si tu détruis dès ce soir
le contenu de ce scellé.
- Bon, poursuivit-elle à voix haute, cela signifie que tu envisages de
détruire une preuve et dans ce cas-là, ce ne sont plus des sanctions
administratives qui te guettent mais le tribunal correctionnel. Et j’ai
comme dans l’idée que les magistrats ne te feront pas de cadeau ma
petite Clarice. Il me semble que tu ne t’étais pas fait idée de ton
métier pour terminer connement derrière des barreaux.
Dès le début de ses études de Droit, lorsqu’elle devait rédiger un
commentaire d’arrêt ou tout autre travail de même nature au lieu de
se contenter de tracer sur le papier les différents éléments
d’appréciation en visant toutes les hypothèses possibles, elle s’était
rapidement rendue compte qu’elle était beaucoup plus efficace en
les évoquant d’abord oralement avant de les consigner par écrit. Ce
soir elle n’agissait pas autrement à l’exception notable qu’elle ne
devait pas commenter le travail des autres mais trouver la solution
pour s’en sortir au mieux de ses intérêts et de ceux de l’enquête.
- Alors, au moins provisoirement, on oublie la destruction de preuve.
Tu es peut-être en train de te monter le bourrichon pour ces foutus
papiers en morceaux alors que ceux-ci n’ont rigoureusement aucun
intérêt et surtout aucun rapport avec ton enquête.
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