Page 63 - L'Empreinte du temps
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avec l’autre en concluant qu’il fallait faire les choses avec sérieux mais
ne jamais se prendre au sérieux.
Didier revint avec un gobelet fumant à la main et le tendit à Clarice.
- Avec deux sucres comme sur la commande, indiqua-t-il avec un
sourire aux lèvres.
- Merci Didier.
- Pas de quoi.
Puis il se remit à son bureau, l’instant de pause étant terminé.
Clarice de son côté devait entamer la première journée de relevé
d’empreintes de la population se situant dans le rayon défini avec la
Juge d’Instruction. Un travail ingrat, fastidieux mais sur lequel elle
comptait énormément pour parvenir à identifier l’auteur de
l’homicide commis sur « la femme âgée du 23 », puisque c’est ainsi
que la presse l’avait désormais qualifiée. Elle avait tout d’abord
envisagé de réaliser cette opération en convoquant toutes les
personnes adultes concernées au Commissariat avant de devoir y
renoncer tant les locaux étaient exigus et inadaptés à une opération
de cette ampleur. Sans compter le fait que l’auteur, s’il se trouvait
bien parmi cette population, n’allait sans doute pas débarquer un
bouquet de fleurs à la main en criant qu’il était le coupable. Cette
version, c’était pour les rêves. Ceux qui ne se réalisent jamais.
L’autre version, celle consistant à se rendre au domicile de chaque
membre de la population, n’était guère plus optimiste. Clarice avait
parfaitement conscience que l’auteur pouvait ne pas ouvrir sa porte
bien qu’elle disposât d’une Commission Rogatoire permettant d’agir
au besoin par la force ou la contrainte. Pire encore dans son esprit en
ébullition, l’auteur pouvait accepter sagement le relevé de ses
empreintes et mettre ensuite à profit le temps nécessaire à l’Identité
Judiciaire pour effectuer les comparaisons afin de s’échapper
tranquillement hors du pays et demeurer à jamais impuni de son
crime. Ce ne serait ni la première ni la dernière fois dans les annales
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