Page 68 - L'Empreinte du temps
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Philippe reprit le moral et au cours des deux heures suivantes ils
          réalisèrent  près  d’une  trentaine  de  relevés.  Le  duo  fonctionnait  à
          merveille. Clarice expliquait en quelques mots qu’elle était chargée
          par un Juge de relever toutes les empreintes des personnes adultes
          de leur domicile tandis que Philippe, d’autorité, posait les formulaires
          photocopiés sur la table la plus proche tout en ouvrant le tampon
          encreur. Il avait vite compris qu’il ne fallait surtout pas leur laisser la
          moindre autonomie et toujours avec la même autorité naturelle il
          prenait  leurs  doigts  au  fur  et  à  mesure  avant  de  les  apposer  sur
          l’encre  puis  sur  le  formulaire  à  l’emplacement  correspondant  en
          prenant bien soin de faire rouler la pulpe du doigt pour qu’elle soit
          parfaitement  imprimée  sur  toute  la  surface  du  cadre.  Pendant  ce
          temps  Clarice  était  le  plus  souvent  amenée  à  apporter  quelques
          éclaircissements en réponse aux questions qui leur étaient posées.
          « Cela a un rapport avec l’assassinat de la vieille dame du 23 n’est-ce
          pas ? ». La policière demeurait alors volontairement énigmatique en
          indiquant clairement, pour couper court à toute conversation, qu’ils
          étaient  tenus  au  secret  professionnel.  Il  y  avait  bien  évidemment
          quelques  récalcitrants  que  Clarice  observait  d’un  œil  attentif,
          lesquels arguaient généralement qu’il s’agissait d’une atteinte à leur
          vie privée et qu’on ne pouvait pas ainsi ficher les gens avant de les
          convaincre définitivement en leur expliquant que dans le cadre de la
          commission rogatoire ils disposaient de toute autorité pour les faire
          conduire au poste pour faire pratiquer ce simple relevé d’empreintes
          par la force. Elle soulignait alors le mot « simple » de manière à leur
          rappeler  que  cela  ne  portait  pas  à  conséquence  s’ils  étaient
          coopératifs. Devant chaque porte avant d’entrer, Clarice se posait
          toujours les mêmes questions. Se retrouverait-elle devant l’auteur de
          l’homicide dans quelques secondes ? Et si oui, comment réagirait-il ?
          Tenterait-il  de  fuir ?  De  les  braquer  avec  une  arme ?  Serait-il  au
          contraire  parfaitement  maître  de  lui-même ?  Elle  continuait
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