Page 73 - L'Empreinte du temps
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que vous avez relevé des empreintes sur le lieu du crime et que vous
voulez effectuer des comparaisons.
- Vous avez le droit de le penser. Et maintenant trêve de discussions,
acceptez-vous que mon collègue relève vos empreintes ou bien
faudra-t-il l’effectuer sous la contrainte ?
La tonalité de l’entretien venait de changer. Clarice éprouvait le
sentiment bizarre d’avoir eu successivement deux personnes
différentes dans le corps de cet homme. Même la voix avait
curieusement mué. Au début le premier personnage puisqu’elle
n’arrivait pas à le désigner autrement, semblait tendu, nerveux tandis
que le second qui avait pris sa place paraissait sûr de lui, prêt au
combat, à la confrontation, au défi. Sans être psychiatre, elle se
demanda pourtant si cet homme ne souffrait pas de schizophrénie et
de l’une de ses principales manifestations sous forme de
dédoublement de sa personnalité. Elle resta d’autant plus sur ses
gardes, prête à réagir instantanément, qu’elle savait que ce type de
malade était susceptible d’une seconde à l’autre de passer de la
passivité la plus totale à l’expression d’une colère, d’une violence
verbale ou physique inouïe. Cela ne faisait pas de lui pour autant le
criminel qu’elle traquait mais toutes les précautions devaient être
prises pour préserver l’intégrité physique de son collègue et d’elle-
même. Même à deux, en cas de crise elle n’était pas certaine de
pouvoir maîtriser la situation.
- Mais bien sûr cher Lieutenant que j’accepte volontiers que l’on
relève mes empreintes.
L’homme se rendit jusqu’à la commode où Philippe s’apprêtait à
officier. Lucie préféra ne pas le suivre en conservant ainsi une
distance de sécurité tout en gardant un œil attentif à la moindre de
ses réactions. Philippe désormais parfaitement rompu à cette tâche
mit moins de trois minutes à réaliser son relevé et ce d’autant que
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