Page 76 - L'Empreinte du temps
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le  lendemain  à  la  première  heure,  avec  un  peu  de  chance,  à  la
          comparaison des empreintes avec celles relevées sur le lieu du crime.
            Il était une fois de plus vingt-deux heures lorsqu’elle ouvrit la porte
          de son appartement. Personne évidemment ne l’attendait et pour la
          première fois ressentit un véritable sentiment de solitude. Jusqu’à
          présent elle avait considéré qu’une vie de couple passait au second
          plan après son travail. Il n’était pas encore temps mais elle se promit
          d’y  penser  avant  d’être  recluse  dans  une  existence  portée
          uniquement par sa vie professionnelle.
            Au cours de cette longue journée elle n’avait pas eu l’occasion de
          penser à ces pièces du puzzle qui l’attendaient aussi lorsqu’elle les vit
          toujours aussi sagement empilés en tas sur le sol, Clarice en éprouva
          aussitôt un mal de tête carabiné.
          - Non, désolé pas ce soir mes foutus bouts de papier.
            Elle les abandonna sans regret et se rendit jusqu’à la cuisine en
          cherchant quelque chose à grignoter, histoire de ne pas s’endormir
          avec l’estomac vide. Il y avait bien une boîte de raviolis qui trônait
          dans le placard depuis des semaines mais il fallait prendre le temps
          de l’ouvrir, de la faire chauffer. Beaucoup trop long sans compter
          qu’ensuite elle devrait se coltiner la vaisselle. Elle opta finalement
          pour un morceau de camembert qu’elle mastiqua tant il était sec,
          avec deux biscottes. Cela ferait l’affaire même si dans ces moments-
          là  elle  regrettait  amèrement  les  bons  petits  plats  que  cuisinait  sa
          mère  avec  amour.  Peut-être  qu’elle-même un  jour,  pensa-t-elle,  y
          prendrait  également  plaisir  à  condition  de  pouvoir  partager  ce
          moment de convivialité avec quelqu’un d’autre. Elle balaya toutefois
          cette dernière pensée. Elle avait connu quelques aventures d’un soir
          ou  d’une  nuit  sans  toutefois  éprouver  le  désir  d’aller  plus  loin.
          Comme si le fait de vivre à deux puisse constituer à ses yeux autre
          chose qu’une entrave à sa liberté. En quelque sorte, une paire de


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