Page 69 - L'Empreinte du temps
P. 69
d’évoquer le tueur au masculin tant elle demeurait convaincue
qu’une femme n’avait pas pu commettre un acte pareil. Lorsque la
porte s’ouvrait son regard se portait immédiatement sur tout individu
de sexe masculin, cherchant à le scanner, à identifier ses intentions
de manière à réagir immédiatement au besoin. Cela représentait une
somme d’énergie considérable tant elle restait sous tension quasi-
permanente.
Peu après quatorze heures elle décida qu’il était temps de faire
une pause déjeuner en prétextant qu’elle avait une faim de loup. En
réalité elle était totalement épuisée aussi bien physiquement que
nerveusement sans oser l’avouer à son jeune collègue. Lequel pour
sa part marqua une seconde de dépit en espérant tout au contraire
continuer sur le même rythme.
- On dirait que cela ne te fait pas plaisir de prendre quelques minutes
de pause pour manger quelque chose ?
- Si, si bien sûr mais je suis tellement content de pouvoir enfin
effectuer de véritables tâches policières.
- C’est pourtant bien ce que tu faisais déjà.
- Disons, indiqua-t-il d’une voix mal assurée, que pour l’instant on m’a
plutôt remisé à des tâches administratives qui n’ont qu’un lointain
rapport avec ce que j’avais rêvé en entrant dans la Police.
- Il faut souvent passer par cette étape, je reconnais un peu ingrate,
avant de pouvoir exercer pleinement son métier.
- Et puis pour être tout à fait honnête, je pense que le Commandant
m’a dans le collimateur. Pour quelle raison je l’ignore car j’ai toujours
exécuté ses ordres sans rechigner.
- La raison est simple Philippe. Tu es jeune et j’ai l’impression que
notre bonhomme n’aime pas beaucoup les jeunes, indiqua-t-elle sur
le sceau de la confidence.
- Alors vivement que je prenne de la bouteille, fit-il en riant.
- Dis-moi, c’est pour cette raison que tu t’es porté volontaire ?
69