Page 96 - L'Empreinte du temps
P. 96
- Il ne me fallait pas être grand devin pour savoir au premier regard,
au moment de votre visite chez moi, que vous m’aviez pris en grippe.
J’ai tout de suite vu que vous m’aviez dans le collimateur. Remarquez
d’une certaine manière je peux vous comprendre Lieutenant, vous
êtes jeune, manifestement inexpérimentée et avec l’envie de trouver
rapidement un coupable face à votre hiérarchie. Je ne m’étais jamais
posée la question jusqu’à présent en me regardant dans une glace
mais j’ai peut-être finalement la tête de l’emploi. Du coupable idéal.
Clarice marqua un silence, abasourdie tout autant que Philippe par
ce qu’elle venait d’entendre. Il lui était pourtant impossible de
répondre à cette attaque personnelle destinée sans doute à la faire
sortir de ses gonds. Elle se contenta d’un petit commentaire dont elle
pesa chaque mot.
- Libre à vous Monsieur SOURIQUET de le penser mais je doute fort
qu’une Cour d’Assises se contente de vos élucubrations divinatoires.
- Une cour juge sur des faits, sur des preuves, poursuivit-elle avec
d’autant plus de verve qu’elle voyait son visage se pâlir. Et justement
nous disposons d’une preuve irréfutable de votre présence sur les
lieux du crime. Vos propres empreintes digitales.
- C’est impossible !! Hurla-t-il avec un timbre de voix chargé
d’émotions qui lui parut immédiatement différent. D’ailleurs son
visage était tout autre que celui qui était le sien quelques secondes à
peine plus tôt. Un peu comme si quelqu’un de nouveau s’était glissé
dans la peau du personnage sans toutefois posséder parfaitement le
rôle.
Gilles SOURIQUET se mit bientôt à pleurer à chaudes larmes en se
tenant la tête entre les mains tout en l’agitant dans un balancement
nerveux. Clarice comprit immédiatement qu’il serait inutile de
poursuivre l’audition et qu’il vaudrait mieux continuer un peu plus
tard dans des conditions beaucoup plus sereines.
96