Page 99 - L'Empreinte du temps
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- Disons que durant le temps de l’audition j’ai eu l’impression qu’au
début il y avait un individu qui te répondait avec dédain et un sens de
la provocation parfaitement orchestré. Voilà c’est le terme que je
cherchais, j’ai eu le sentiment que tu étais face à un froid calculateur
sans émotions, une sorte d’animal à sang froid et puis lorsque tu l’as
déstabilisé j’ai vu apparaître quelqu’un d’autre. Ne te moque surtout
pas de moi mais j’ai vraiment eu la sensation que nous avions dans
ton bureau réellement quelqu’un d’autre, une autre personne.
Même physiquement s’il conservait la même apparence ses traits
m’ont paru différents. Quant à sa voix on aurait dit qu’elle venait de
muer.
- Tu dois me prendre à mon tour pour un barjot ? poursuivit Philippe
face à l’air dubitatif de sa collègue.
- Non, oh que non. Je partage exactement le même avis et d’une
certaine manière cela me rassure car un court instant j’ai cru que
c’était uniquement le fruit de mon imagination.
- Tu crois qu’il jouait la comédie ? Il me semble que ce ne serait pas
la première fois qu’un mis en cause essaie de se faire passer pour fou
afin d’échapper à sa sanction pénale.
- J’ignore s’il recherche l’irresponsabilité pénale car, sans être une
spécialiste en la matière, j’ai eu l’impression, peut-être trompeuse je
te l’accorde, qu’il ne jouait pas la comédie. Cela doit nous faire penser
que lors de la perquisition à son domicile il faudra vérifier s’il n’a pas
d’ordonnances allant dans le sens d’un traitement psychiatrique. Ce
sera la seule manière provisoire de savoir s’il est bien malade ou non.
- Si on trouve des ordonnances il suffira de le demander à son
médecin.
- Ce serait trop facile car dis-toi bien que dans ce cas il y a de fortes
probabilités pour qu’on se voit opposer le secret médical.
- Alors comment on fait dans ce cas-là ?
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