Page 102 - L'Empreinte du temps
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Un médecin était passé pour ausculter Gilles SOURIQUET. La
plupart des praticiens requis n’aimaient pas avoir à se prononcer sur
la santé physique et surtout mentale d’un gardé à vue sans avoir
réalisé des examens complémentaires mais celui qui fut appelé,
routinier de cette pratique depuis plus d’une dizaine d’années, ne
formula, comme d’habitude, aucune opposition à la poursuite des
auditions. Bien qu’il s’en défendait souvent, il considérait au fond de
lui que, sauf véritable urgence, les personnes qui se retrouvaient
derrière les barreaux d’une cellule, devaient assumer leurs
responsabilités. Sans tenter d’y échapper par des artifices de
procédure. Son épouse avait bien tenté de lui faire comprendre que
ses idées étaient extrémistes mais il n’en démordait pas et ne
changerait sans doute jamais d’avis.
- Tenez c’est bon, indiqua-t-il en tendant au gardien du poste à
l’accueil le certificat médical qu’il venait de rédiger. Vous pourrez dire
à l’Inspecteur qu’il peut parfaitement auditionner cet individu.
- Désolé de vous reprendre une nouvelle fois Docteur mais on ne dit
plus Inspecteur depuis bien des années mais Lieutenant et en
l’occurrence il s’agit d’une femme Lieutenant.
- Oui, c’est vrai que maintenant on embauche des femmes dans la
Police. Pauvre France. Vraiment tout fout le camp !
Le gardien le regarda partir en bougonnant en se disant qu’il était
heureux que des personnes telles que ce médecin ne soient bientôt
plus en activité ou pour beaucoup déjà à la retraite. Nostalgiques
d’une période qui n’avait connue comme seule vertu qu’être celle de
leur jeunesse.
Il composa le poste de Clarice. C’est Philippe qui fut le plus rapide
en voyant le numéro s’afficher.
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