Page 92 - L'Empreinte du temps
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Du boulot, effectivement il y en avait en quantité. Clarice tentait
          de fixer des degrés de priorité en espérant ne rien oublier. Désormais
          c’était  sans  doute  la  Cour  d’Assises  qui  attendrait  ce  Gilles
          SOURIQUET aussi convenait-il de cadrer complètement la procédure
          afin  d’éviter  tout  vice  de  forme.  Mentalement  elle  se  repassa  à
          vitesse  accélérée  la  plupart  des  cours  qu’elle  avait  reçu  durant  sa
          formation de treize mois. Les actes essentiels, ceux nécessitant un
          formalisme  particulier,  la  forme  elle-même  des  questions  lors  de
          l’audition  de  manière  à  ne  pas  orienter  uniquement  le
          questionnement à charge mais aussi à décharge afin de respecter le
          principe inscrit dans le marbre de la présomption d’innocence. Ainsi
          combien de procédures dans le passé avaient été foulées au pied par
          des as du barreau démontrant aux jurés que les enquêteurs n’avaient
          exploité aucune piste visant à disculper l’accusé ? Jetant un discrédit
          sur les investigations et instillant par là-même une incertitude dans
          l’esprit  des  jurés  auxquels  on  avait  longuement  expliqué  lors  du
          délibéré  que  le  doute  devait  nécessairement  profiter  à  l’accusé.
          Clarice était toutefois relativement sereine. Cette affaire ne reposait
          pas  sur  l’aveu,  toujours  contestable  et  si  souvent  contesté,  de
          l’accusé sur lequel des « pressions avaient été exercées » mais sur un
          élément  avéré,  solide,  validé  par  la  science,  sous  la  forme
          d’empreintes  digitales  et  de  traces  papillaires  bien  concrètes.
          Incontestables. Bien entendu, si en plus de cette preuve reine des
          audiences  criminelles,  elle  recueillait  les  aveux,  qu’ils  fussent
          spontanés ou non, de ce SOURIQUET, ce serait fabuleux. Le rêve de
          tout flic digne de ce nom. Résultat de la confrontation pacifique mais
          diablement cruelle entre deux êtres humains. Prendre l’ascendant,
          rester  maître  de  la  discussion  qui  allait  s’engager  en  conduisant
          l’autre à sa confession laïque.
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