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Robert Kennedy prit congé de l’ambassadeur russe, ne sachant
LA MAIN CACHEE · La crise envahie, l’Amérique, liée par un traité, aurait de nombreuses LA MAIN CACHEE s’il avait réussi à le convaincre. Lui et beaucoup d’autres
raisons de défendre cette ville. Risquait alors de s’ensuivre une
guerre, probablement nucléaire.
s’attendaient à se réveiller le lendemain matin – si toutefois ils se
Au petit matin du 14 octobre 1962, l’avion-espion américain U-2
réveillaient – en pleine « guerre apocalyptique ».
prit des photos de reconnaissance de Cuba, révélant la présence de
Pendant que Kennedy et ses conseillers débattaient du
sites nucléaires sur l’île. D’après les clichés, les missiles n’étaient pas
problème, le monde était soigneusement tenu dans l’ignorance. Or,
Mais heureusement, à l’aube du dimanche 28 octobre, se
encore opérationnels, mais les Soviétiques mettaient tout en œuvre
pour accélérer la mise en place de leur arsenal, tout en gardant
déclaration sur Radio Moscou. Les Soviétiques, avait-il annoncé,
opérationnels. Et si cette situation se produisait, l’opération
secrètes leurs activités. chaque jour qui passait, les missiles risquaient de devenir répandit la bonne nouvelle que Khrouchtchev avait fait une
militaire américaine deviendrait infiniment plus dangereuse.
allaient démanteler leur arsenal nucléaire à Cuba. Khrouchtchev
Le Président Kennedy fut immédiatement informé de la Kennedy opta finalement pour une mesure risquée consistant à aurait pu signaler que les États-Unis se pliaient aux exigences
situation. Une fois que les missiles seraient opérationnels, fut-il mis imposer un blocus sur Cuba. Or historiquement parlant, exprimées dans la seconde lettre, mais il n’en fit rien. La guerre
en garde, les villes et les citoyens d’Amérique risquaient d’être l’instauration d’un blocus correspondait à un acte de guerre. C’est avait été évitée de justesse.
littéralement éradiqués. En effet, un seul missile nucléaire lancé de pourquoi il lui préféra le terme de « mise en quarantaine », laissant
Cuba pouvait atteindre Washington D.C ou une autre métropole ainsi aux Soviétiques une chance de démanteler les missiles et de
en cinq minutes, et tuer quatre-vingts millions de personnes ! Les quitter Cuba. Cette décision était dangereuse et incompréhensible · Commentaires sur Kennedy
États-Unis n’avaient jamais été confrontés auparavant à une telle pour certains militaires, car elle ôtait toute possibilité d’une
menace. C’était la première fois qu’un Président américain devait attaque-surprise. En effet, dès que Kennedy prononcerait le terme La manière dont Kennedy géra la Crise des missiles de Cuba est
faire face à une crise de cette ampleur. 9 de « mise en quarantaine », les Soviétiques se mettraient en état considérée par bon nombre d’experts comme étant le point
Kennedy décida de garder cette information secrète, afin de d’alerte maximale vis à vis d’une action militaire américaine. culminant de son mandat présidentiel. L’épisode de « la Baie des
planifier une stratégie et éviter d’être pris de court par les Cependant, Kennedy ne pouvait garder éternellement le secret. Cochons » lui avait appris à qui faire confiance, et comment
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événements. Ses conseillers militaires lui suggérèrent de lancer une Quelques jours après le début de la crise, les grands journaux du s’entourer de conseillers dans ses prises de décision. Pendant cette
attaque-surprise massive sur Cuba et sur les sites de missiles pays eurent vent de la situation. Mais alors qu’ils étaient sur le crise, Kennedy fit la plupart de ses choix en s’inspirant du livre de
soviétiques, suivie d’une invasion générale des forces américaines. point de publier le scoop, Kennedy les devança et s’adressa lui- Barbara Tuchman Août 14, titulaire du Prix Pulitzer, traitant des
Mais une invasion présentait le risque de déclencher une guerre même à la nation. causes sous-jacentes de la Première Guerre mondiale.
générale contre les Soviétiques, conflit qui pouvait facilement « La Première Guerre mondiale, déclara-t-il, est survenue en
basculer dans une catastrophe nucléaire. Qui plus est, les militaires raison d’une série d’incompréhensions des intentions du camp
de Kennedy ne pouvaient s’engager à détruire 100% des missiles. · La phase publique adverse. » L’entêtement inflexible des dirigeants de cette époque
Et un seul missile nucléaire restant aux mains des Russes pouvait La crise des missiles de Cuba plongea l’humanité dans un conflit sanglant qui aurait pu être
suffire à exterminer des millions d’Américains. Une fois la crise devenue publique, la tension monta. Aucun camp évité.
De plus, même si aucun missile nucléaire n’était lancé de Cuba, ne voulait la guerre, mais chacun s’y sentait acculé. Le 24 octobre, La Seconde Guerre mondiale, en revanche, évolua de la sorte,
Kennedy était persuadé que les Soviétiques répliqueraient en des navires marchands soviétiques (apportant peut-être des missiles notamment car les conciliateurs comme Neville Chamberlain se
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envahissant Berlin Ouest. Or à l’époque, Berlin-Ouest était à supplémentaires) s’approchèrent de la ligne de blocus. Les navires plièrent aux exigences d’Hitler. Les chefs politiques de l’époque
l’URSS ce que Cuba était aux États-Unis. Si Berlin-Ouest était de guerre américains envoyés dans leur direction repérèrent péchèrent par excès inverse : ceux qui avaient le pouvoir de
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