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   LA  MAIN  CACHEE  ·   Paranoïa -  entre réalité et     photographier  les  sites  de  missiles.  Cet avion  fut  abattu  et  son     LA  MAIN  CACHEE  soudain un sous-marin soviétique.
                pilote trouva la mort. À l’annonce de cette nouvelle, Robert
 suppositions
                                                                                                            Était-ce le début du conflit ?
                McNamara, le Secrétaire de la Défense, entendit cette nouvelle, il
                                                                                                            C’est alors  que de  manière  incompréhensible,  les  navires
                blêmit et annonça : « Voici la guerre qui s’annonce… »
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 Lorsque le leader soviétique Joseph Staline mourut en 1953, il fut
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 remplacé par Nikita Khrouchtchev. Ce dernier était considéré par
                   Alors que Kennedy et ses conseillers discutaient de la bonne
                                                                                                         demi-tour. Pour reprendre l’expression de l’un des conseillers de
 ses ennemis, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union soviétique,
                marche à suivre, ils reçurent une lettre de Khrouchtchev exigeant
 comme un homme rustre et grossier. Lors d’une célèbre réunion
                                                                                                         des  yeux,  lorsque  soudain,  l’autre  gars  ne  put  réprimer  un
 des Nations Unies, il retira sa chaussure pour marteler son pupitre.   de la part des États-Unis un engagement officiel de ne jamais   Kennedy : « Nous étions en train de nous regarder dans le blanc
                envahir Cuba. Il avait déjà envoyé une lettre comme celle-ci
                                                                                                         clignement de paupières. »
 « Nous vous enterrerons ! »  déclara-t-il une autre fois à l’Ouest,   auparavant, mais il y joignait une seconde exigence : le retrait des
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 sur un ton de bravade. Or à cette époque, deux millions d’habitants   missiles nucléaires américains de Turquie. Or, si les États-Unis   Mais la crise n’était pas terminée pour autant. Le 25 octobre,
 de Berlin-Ouest se trouvaient derrière le « Rideau de Fer »,   pouvaient éventuellement s’engager à ne jamais envahir Cuba,   les soldats américains passèrent en niveau d’alerte DEFCON 2,
 encerclés par les armées soviétiques. Pour résister aux Russes,   retirer leurs missiles de Turquie était une concession risquant de   correspondant au niveau précédant le déclenchement d’un conflit
 l’Amérique n’avait d’autre solution que de brandir la menace d’une   leur faire perdre toute crédibilité vis-à-vis de leurs alliés.   général.
 offensive nucléaire, s’ils avançaient sur Berlin Ouest.  Le Président Kennedy se trouvait face à un terrible dilemme :
 Les Américains disposant d’une grande supériorité en termes   s’il se montrait trop conciliant, il encourageait les Soviétiques, et   ·   Le point culminant
 d’armement nucléaire et en capacités logistiques, Khrouchtchev   s’il faisait preuve de trop de fermeté, il déclenchait une Troisième
 devait trouver un moyen de contrer cette menace par une   Guerre Mondiale.                              La crise atteignit son paroxysme le 27 octobre (Chabbat Parachat
 manœuvre d’intimidation. Il décida donc de se lancer dans un jeu                                        Beréchit).  Tout  d’abord,  les  sites  de  missiles  de  Cuba  devinrent
 du chat et de la souris, arguant que l’URSS « produisait des                                            opérationnels. Des missiles nucléaires étaient sur  le point d’être
 missiles comme elle fabriquait des saucisses », alors qu’en réalité, il   ·   Le dénouement             chargés sur leurs rampes de lancement et envoyés sur les États-
 savait parfaitement que son arsenal militaire était bien moins                                          Unis. C’est alors qu’un avion-espion américain U-2 dévia
 perfectionné que celui des Américains.  Et pourtant, ce coup de   Cette nuit-là, Robert Kennedy, Procureur Général et frère du   accidentellement de sa trajectoire et pénétra dans l’espace aérien
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 bluff sema un véritable sentiment de paranoïa chez les Américains,   Président, âgé de trente-cinq ans, rencontra secrètement   soviétique. Le pilote émit un message radio spécifiant qu’il était
 tant parmi la population civile qu’au sein du gouvernement. 8  l’ambassadeur soviétique Anatoli Dobrynin. Il lui proposa un   perdu, et la base dépêcha aussitôt des avions de chasse armés de
                accord incluant l’engagement américain de ne pas envahir Cuba,
 Si l’Union soviétique désirait contrer efficacement la menace   ainsi que le retrait des missiles américains de Turquie, à condition   missiles contenant des ogives nucléaires. Parallèlement, des avions
 américaine, elle devait trouver une base de lancement plus proche   toutefois que cette manœuvre ne soit pas rendue publique.  Il fit   de chasse soviétiques furent lancés pour intercepter l’avion U-2,
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 que l’Europe. Cuba semblait être une bonne option, car son   comprendre à l’ambassadeur que si l’URSS n’acceptait pas cet   La crise des missiles de Cuba  cette présence étrangère étant interprétée comme une ultime
 dictateur venait d’être renversé par un jeune révolutionnaire   accord, les Américains démantèleraient l’arsenal de missiles installé   mission de reconnaissance avant le déclenchement d’une attaque
 audacieux nommé Fidel Castro.  à Cuba. Il exerça toute sa force de persuasion pour le convaincre        nucléaire. Une guerre nucléaire aurait aisément pu s’ensuivre, mais

 Les Soviétiques instaurèrent leur relation avec Castro de   que le temps était court : les Soviétiques devaient immédiatement   heureusement, l’avion U-2 quitta l’espace aérien soviétique avant
 manière progressive. (Castro avait tout d’abord été considéré   accepter les termes de cet accord, sous peine de voir se déclencher   que les deux groupes d’avions de chasse ne se rencontrent.
 comme un héros par la majorité de l’opinion publique américaine.   une action militaire immédiate.         Plus  tard  ce  jour-là,  un autre  avion U-2 survola Cuba pour






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