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photographier les sites de missiles. Cet avion fut abattu et son soudain un sous-marin soviétique. Il ne devint flagrant que plus tard que son entourage était
pilote trouva la mort. À l’annonce de cette nouvelle, Robert Était-ce le début du conflit ? communiste). Les Russes commencèrent par lui apporter une aide
McNamara, le Secrétaire de la Défense, entendit cette nouvelle, il économique, puis ils lui envoyèrent un soutien militaire et des
C’est alors que de manière incompréhensible, les navires
blêmit et annonça : « Voici la guerre qui s’annonce… » 10 LA MAIN CACHEE soviétiques interrompirent subitement leur course, avant de faire conseillers. Pour les États-Unis qui étaient témoins de cette
Alors que Kennedy et ses conseillers discutaient de la bonne demi-tour. Pour reprendre l’expression de l’un des conseillers de évolution, Castro quitta rapidement son statut de « révolutionnaire
marche à suivre, ils reçurent une lettre de Khrouchtchev exigeant Kennedy : « Nous étions en train de nous regarder dans le blanc idéaliste » pour devenir un leader communiste extrêmement
de la part des États-Unis un engagement officiel de ne jamais des yeux, lorsque soudain, l’autre gars ne put réprimer un dangereux.
envahir Cuba. Il avait déjà envoyé une lettre comme celle-ci clignement de paupières. » Lorsque Kennedy prit ses fonctions, ses conseillers lui
auparavant, mais il y joignait une seconde exigence : le retrait des
missiles nucléaires américains de Turquie. Or, si les États-Unis Mais la crise n’était pas terminée pour autant. Le 25 octobre, proposèrent une stratégie pour évincer Castro. La CIA voulait
pouvaient éventuellement s’engager à ne jamais envahir Cuba, les soldats américains passèrent en niveau d’alerte DEFCON 2, secrètement constituer et entraîner une petite armée d’environ
retirer leurs missiles de Turquie était une concession risquant de correspondant au niveau précédant le déclenchement d’un conflit 1 400 exilés cubains pour envahir Cuba et destituer son dictateur.
leur faire perdre toute crédibilité vis-à-vis de leurs alliés. général. Or ce plan était truffé d’imprécisions, et Kennedy fit l’erreur de
donner immédiatement son accord. Deux jours à peine après le
Le Président Kennedy se trouvait face à un terrible dilemme :
s’il se montrait trop conciliant, il encourageait les Soviétiques, et · Le point culminant début des opérations (le 17 avril 1961), tous les exilés cubains
s’il faisait preuve de trop de fermeté, il déclenchait une Troisième furent massacrés ou emprisonnés (environ 400 furent tués et 1 000
Guerre Mondiale. furent jetés en prison). Cet épisode resta gravé dans l’Histoire
La crise atteignit son paroxysme le 27 octobre (Chabbat Parachat comme le fiasco de « la Baie des Cochons ». Pour les Américains, le
Beréchit). Tout d’abord, les sites de missiles de Cuba devinrent pire de tout fut que leur implication fut exposée au grand jour.
· Le dénouement opérationnels. Des missiles nucléaires étaient sur le point d’être Pour le jeune et nouveau Président américain, cette opération se
chargés sur leurs rampes de lancement et envoyés sur les États- solda par un désastre militaire, et surtout politique.
Unis. C’est alors qu’un avion-espion américain U-2 dévia
Cette nuit-là, Robert Kennedy, Procureur Général et frère du En février 1962, les Soviétiques intensifièrent leur soutien
Président, âgé de trente-cinq ans, rencontra secrètement accidentellement de sa trajectoire et pénétra dans l’espace aérien militaire à Cuba, arguant que la protection de Castro était à
l’ambassadeur soviétique Anatoli Dobrynin. Il lui proposa un soviétique. Le pilote émit un message radio spécifiant qu’il était présent devenue nécessaire, et que les canons anti-aériens et les
accord incluant l’engagement américain de ne pas envahir Cuba, perdu, et la base dépêcha aussitôt des avions de chasse armés de
ainsi que le retrait des missiles américains de Turquie, à condition missiles contenant des ogives nucléaires. Parallèlement, des avions bateaux de patrouille qu’ils procuraient avaient uniquement
toutefois que cette manœuvre ne soit pas rendue publique. Il fit de chasse soviétiques furent lancés pour intercepter l’avion U-2, vocation défensive. Les États-Unis, témoins de cette situation,
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comprendre à l’ambassadeur que si l’URSS n’acceptait pas cet La crise des missiles de Cuba cette présence étrangère étant interprétée comme une ultime décidèrent de la tolérer. Ils fixèrent néanmoins une limite, à titre La crise des missiles de Cuba
accord, les Américains démantèleraient l’arsenal de missiles installé mission de reconnaissance avant le déclenchement d’une attaque officiel et privé : « Faites ce que vous estimez nécessaire, mais
à Cuba. Il exerça toute sa force de persuasion pour le convaincre nucléaire. Une guerre nucléaire aurait aisément pu s’ensuivre, mais n’installez pas d’arsenal nucléaire à Cuba, sous peine de déclencher
que le temps était court : les Soviétiques devaient immédiatement heureusement, l’avion U-2 quitta l’espace aérien soviétique avant de terribles conséquences. » Les Soviétiques s’engagèrent en retour,
accepter les termes de cet accord, sous peine de voir se déclencher que les deux groupes d’avions de chasse ne se rencontrent. à titre officiel et privé, à ne pas franchir cette ligne rouge.
une action militaire immédiate. Plus tard ce jour-là, un autre avion U-2 survola Cuba pour
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